[Fulcanelli, Les demeures philosophales, t. 1, Pauvert, 1964, p.308]

1 – Le soufre, principe actif, est désigné symboliquement par le second Adam, et le mercure, élément passif, par sa femme Ève. Ce dernier élément ou mercure, reconnu comme le plus important, est aussi le plus difficile à obtenir dans la pratique de l’œuvre. Son utilité est telle que la science lui doit son nom, puisque la philosophie ‘hermétique’ est fondée sur la connaissance parfaite du mercure, en grec `ErmÁj […].

Or Bacchus, divinité emblématique du mercure des sages, incarne une signification secrète semblable à celle d’Ève, mère des vivants. En Grèce, toute bacchante était dite EÜa, Ève, mot qui avait pour racine EÜioj, Evius, surnom de Bacchus.

[Fulcanelli, Les demeures philosophales, t. 1, Pauvert, 1964, p.339]

2 – La calebasse, qui renferme le breuvage du pérégrinant, est l’image des vertus dissolvantes de ce mercure, cabalistiquement dénommé pèlerin ou voyageur.

[Fulcanelli, Les demeures philosophales, t. 1, Pauvert, 1964, p.382]

3 – Que les investigateurs apprennent donc, avant d’engager de nouvelles dépenses, ce qui différencie le premier mercure du mercure philosophique ; lorsqu’on sait bien ce que l’on cherche, il devient plus aisé d’orienter sa marche. Qu’ils sachent que leur dissolvant, ou ‘mercure commun’, est le résultat du travail de la nature, tandis que le mercure des sages reste une production de l’art. Dans la confection de celui-ci, l’artiste, appliquant les lois naturelles, connaît ce qu’il veut obtenir. Il n’en est pas de même pour le mercure commun, car Dieu interdit d’en pénétrer le mystère. Tous les philosophes ignorent, et beaucoup en font l’aveu, de quelles façons les matières initiales, mises en contact, réagissent, s’interpénètrent, s’unissent enfin sous le ‘voile des ténèbres’ qui enveloppe, du début à la fin, les échanges intimes de cette singulière procréation. Cela explique pourquoi les écrivains se sont montrés si réservés au sujet du mercure philosophique, dont l’opérateur peut suivre à son gré les phases successives. Si la technique réclame un certain temps et demande quelque peine, elle est, en revanche, d’une extrême simplicité. N’importe quel profane, sachant entretenir du feu, l’exécutera aussi bien qu’un alchimiste expert.

[Fulcanelli, Les demeures philosophales, t. 2, Pauvert, 1964, p. 55]

4 – Damas est, cabalistiquement, le mercure, principe féminin : D£mar femme, épouse.

[Fulcanelli, Les demeures philosophales, t. 2, Pauvert, 1964, p. 148]

5 – Ainsi le mercure quel qu’il soit reste soumis au soufre car il est le serviteur et l’esclave, lequel, se laissant absorber, disparaît et se confond avec son maître. En conséquence, comme la médecine universelle est une véritable génération, que toute génération ne peut s’accomplir sans le secours de deux facteurs, d’espèce semblable mais de sexe différent, nous devons reconnaître que le mercure philosophique est impuissant à produire la pierre, et cela parce qu’il est seul. C’est lui, pourtant, qui tient dans le travail le rôle de la femelle, mais celle-ci doit être unie à un second mâle, si l’on veut obtenir le composé sous le nom de Rebis, matière première du Magistère.

[Fulcanelli, Les demeures philosophales, t. 2, Pauvert, 1964, p. 274]

6 – Marcus Aurelius Antoninus. Cabalistiquement, l’assemblage de la matière première, de l’or olympique ou divin, et du mercure. Ce dernier, dans les récits allégoriques, porte toujours le nom d’Antoine, Antonin, Antolin etc., avec l’épithète de pèlerin, messager ou voyageur.

[van Lennep, J., Alchimie, Crédit Communal, 1984, p. 36]

7 – Comme dieu de la révélation aux hommes des secrets divins de l’art sacré, Mercure (Hermès), ou son métal, représentait dans le contexte mystique de l’alchimie, l’esprit de vie (spiritus vitae), la force qui en pénétrant la matière première, parviendrait à la métamorphoser.

[van Lennep, J., Alchimie, Crédit Communal, 1984, p. 59]

8 – En latin testa veut aussi bien dire ‘crane’ que ‘terre cuite’ – or, pour les philosophes, la terre correspond à la matière dont ils extraient leur mercure, par le feu. Ce mercure, métal liquide et froid, n’est pas autrement désigné ici que par le cerveau rapporté par le texte à l’eau froide. Ce cerveau est contenu dans le crane, sa ‘coquille’ que signifie également ‘testa’. Le cerveau enfermé dans la boîte crânienne, était rapproché par les alchimistes gréco-égyptiens de la matière même de « la pierre qui n’est pas une pierre » et qu’ils désignaient comme étant la « pierre encéphale » (l…qoj ™gkšfaloj).

[Fabre du Bosquet, Concordance, Le Mercure Dauphinois, 2002, p. 32-33]

9 – On peut en effet parvenir au magistère avec le Double mercure seul sans y ajouter l’or, parce que ce mercure contient les principes de l’or, c’est ce qui a fait dire aux philosophes que le mercure était un or crud, comme l’or était un mercure cuit. […]. Le mercure dégagé de sa première coagulation contient en lui une double nature : une ignée et fixe et l’autre volatile et humide ; c’est le point séminal qu’il faut développer pour réduire la semence spirituelle de puissance en acte et rendre visible l’invisible, dit Basile Valentin. Le premier mercure des philosophes ne contient que la vertu minérale spirituelle, et le second mercure fournit le principe matériel de l’or, l’un donne la vie, l’autre la matière, et la réunion des deux forme le double mercure, ou l’azot des Philosophes.

[Fabre du Bosquet, Concordance, Le Mercure Dauphinois, 2002, p. 46-47]

10 – Mercure voit le jour sur une montagne, c’est-à-dire que lorsque l’artiste en la purifiant a débarrassé cette matière des liens de sa première coagulation, ou, si l’on peut s’exprimer ainsi, lorsque Mercure est débarrassé de l’arrière-faix, dans lequel il était submergé, il est la terre feuillée des Philosophes. Il est leur aimant, leur magnésie, il n’a encore acquis que les ailes placées à ses talons, on doit alors le porter sur un lieu élevé pour que Junon ou l’air, en l’allaitant, achève de le personnifier et lui fasse pousser les ailes qu’il porte à la tête. Lorsqu’il a été suffisamment nourri de la Rosée Céleste, il devient le premier mercure des Philosophes, à qui il ne manque plus que quelques manipulations pour devenir leur dissolvant universel […]. Mercure avait des ailes aux pieds et à la tête parce que le Mercure hermétique est tout volatil, avant qu’il ait été fixé par la seconde opération de l’œuvre. Dans la seconde opération Mercure prend son nom, il devient progressivement Saturne, Mars, Jupiter, la Lune, le Soleil hermétiques, etc.

[Pernety, Les Fables Égyptiennes et grecques, Archè, 2004, tome 1, p. 259]

11 – Mercure fut donné pour adjoint à Osiris et à Isis, pour les secourir contre les entreprises de Typhon, parce que Mercure est comme le lien et le milieu qui réunit le chaud et le froid, l’humide et le sec ; qu’il est comme le nœud au moyen duquel le subtil et l’épais, le pur et l’impur se trouvent associés ; et qu’enfin il ne se fait point de conjonction du Soleil avec la Lune sans que Mercure, voisin du Soleil, y soit présent.

[a Barmâ, Huginus, Le Règne de Saturne changé en siècle d’or, Paris, Aux dépens de Pierre Derieu, 1780, p. 58-59]

12 – Le Mercure des Philosophes est produit par l’écoulement et le concours anatique des quatre éléments agissant soit à la surface de la terre, soit dans l’air […]. Sa naissance est déterminée par le concours des éléments et il reçoit du ciel et des astres le complément de son existence : telle est l’origine de ce fils, disons mieux, de ce premier né de la nature, de cet esprit toujours agissant, toujours en mouvement qui se répand partout, qui pénètre tout, qui réunit, porte et concilie dans son sein le germe et les principes de tous les êtres.

Tous les astres de l’Astronomie inférieure brillent en lui et deviennent spirituels ou volatils par son moyen, parce qu’il les purifie et délivre de leur nature terrestre et féculente et les change en une semence convenable et exactement pure. C’est donc un vrai ciel ; disons mieux, c’est l’esprit de tout l’univers et sa quintessence, « car il a la force du feu et son origine est céleste. » Il ne se manifeste que lorsqu’on lui a enlevé et qu’on a séparé de lui ses éléments ou parties les plus grossières. Il faut donc le purifier après quoi il n’a pas besoin d’autre chose au monde que de devenir mûr. « Purifiez-le, dit Paracelse, et conduisez-le à sa maturité.

[a Barmâ, Huginus, Le Règne de Saturne changé en siècle d’or, Paris, Aux dépens de Pierre Derieu, 1780, p. 165]

13 – Le Mercure des Philosophes est leur composé très secret ou leur Adam qui porte et cache dans son corps Ève sa femme, laquelle est invisible ; mais lorsqu’elle arrive au blanc, elle devient mâle. 

[Feye, S., Le Mercure latin, Revue ARCA n° 1, décembre 2016, p. 56]

14 – Mercari, en latin, signifie proprement acheter, marchander, trafiquer. Un mercator est un commerçant. Son rôle est non seulement d’acheter et de vendre, ce qui nécessite de nombreux voyages aller-retour, mais aussi de parler, car son sermon permet de rapprocher et de lier les deux parties. Le mot sermon provient en effet d’une racine signifiant ce lien.

Mercure, lui, accomplit ses trajets entre le haut et le bas. C’est ce que confirme Servius :

« D’après certains, les Latins disent Mercurius, comme si c’était Medicurrius (qui court comme intermédiaire) vu qu’il court (intercurrat) sans arrêt entre le ciel et les enfers. »

On pourrait proposer bien d’autres étymologies de ce nom énigmatique. Par exemple, la première partie de son nom, MER, viendrait de mereo (mériter, gagner sa récompense, acquérir). Mercure porte d’ailleurs une bourse. Il y a aussi merus, qui signifie pur. Quant à la deuxième partie, CURE, elle pourrait faire allusion à cura (le souci) qui, aux dires de Festus, brûle (urit) le coeur (cor).

Ô miracle du cœur ! Qui flambe de désir, qui a cure du pur Mercure ?

On trouve même à Délos la transcription latine Mirqurios, ce qui laisserait supposer en grec mhr-kurioj signifiant « maître de la cuisse ».

Pourrait-on y voir aussi la racine marquer qui est pourtant germanique ? En tout cas, les Étrusques qui représentaient souvent le dieu sur des miroirs circulaires gravés l’appelaient parfois Turms. D’aucuns ont vu dans ce vocable soit la transcription de `Ermhj (Hermès), soit celle du mot terminus (terme). Il est vrai, d’ailleurs, qu’on appelait Hermès également des bornes de pierre… 

[Herr Tripa, Joseph ministre en Égypte, Revue ARCA n° 1, décembre 2016, p. 127]

15 – Dans ses Fables égyptiennes et grecques, Pernety dit de lui [Hermès/Mercure] qu’il est celui qui permet leur [du ciel et de la terre] union, étant un peu de la nature de chacun. La planète Mercure est d’ailleurs toujours proche du Soleil et de la Lune lorsque ceux-ci sont conjoints*, et saint Augustin donne au nom du messager des dieux (Mercurius) l’étymologie de per medium currens, voyageant au milieu – c’est-à-dire entre le haut et le bas, entre le sacrum et l’occiput.

* Puisqu’elle est toujours proche du soleil.

Voir aussi : Humide Radical 1, Matière 1, Or 2, Tétragramme 1, Divinité 1, Miroir 3, Lune 1, Pan 1, Matière première 2, Soufre 3