Terme | Définitions |
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SOUFRE | [Fulcanelli, Les demeures philosophales, t. 2, Pauvert, 1964, p. 156] 1 – Les philosophes jugèrent donc, non sans raison, que les qualités réfractaires du soufre, sa résistance au feu, ne pouvaient appartenir qu’au feu ou à quelqu’esprit de nature ignée. C’est ce qui les a conduits à lui donner le nom sous lequel il est désigné et que certains artistes croient provenir de son aspect, bien qu’il n’offre aucun rapport avec le soufre commun. En grec, soufre se dit qe‹on, mot dont la racine est qe‹oj, qui signifie divin, merveilleux, surnaturel ; tÕ qe‹on n’exprime pas seulement la divinité, mais encore le côté magique, extraordinaire d’une chose. Or, le soufre philosophique, considéré comme le dieu et l’animateur du Grand Œuvre, révèle par ses actions une énergie formatrice comparable à celle de l’Esprit divin. Ainsi et quoiqu’il faille attribuer la préséance au mercure, - pour demeurer dans l’ordre des acquisitions successives, - nous devons reconnaître que c’est au soufre, âme incompréhensible des métaux, que notre pratique est redevable de son caractère mystérieux et en quelque sorte surnaturel. [Fulcanelli, Le Mystère des Cathédrales, Pauvert, 1964, p. 138] 2 – […] l’Esprit universel, corporifié dans les minéraux sous le nom alchimique de soufre, constitue le principe et l’agent efficace de toutes les teintures métalliques. Mais on ne peut obtenir cet Esprit, ce sang rouge des enfants qu’en décomposant ce que la nature avait d’abord assemblé en eux. Il est donc nécessaire que le corps périsse, qu’il soit crucifié et qu’il meure si l’on veut extraire l’âme, vie métallique et Rosée céleste, qu’il tenait enfermée. [Philalèthe, E., Bref Manuel pour obtenir le rubis céleste, Revue ARCA n° 1, décembre 2016, p. 47] 3 – Ils [le soufre fixe et l’argent vif volatil] sont comparés à des serpents ou à des dragons. L’un ailé, ce qui désigne sa nature volatile. L’autre sans ailes, ce qui dénote sa fixité. L’un et l’autre procèdent d’une seule source tendant à l’unité. C’est pourquoi ils sont assimilés à un serpent prenant sa queue dans sa bouche afin de montrer que le soufre n’est rien hors de la substance du mercure, ni le mercure hors la substance du soufre, mais que ce mercuriel et ce mercure sulfureux accomplissent tout l’art. Le composé est donc dit à bon droit un, même si au début de l’œuvre il apparaît double ; d’où il est dit Rebis, chose double, bien qu’on en puisse faire une par conjonction ; et cet art est appelé Élixir, qui n’est jamais possible si les natures ne sont pas profondément pareilles. Il faut donc observer soigneusement la nature du soufre et du mercure, et se garder des erreurs, car ces deux ne sont pas différents mais une seule et même chose, le soufre un mercure mûr et digeste ; le mercure un soufre cru et non mûr. Il faudra donc observer cette divine genèse de l’œuvre, comment la nature opère dans les mines, sous terre, pour procréer les corps métalliques parce que dans notre œuvre nous faisons tout à l’imitation de la nature autant qu’il est possible. C’est pourquoi nous choisissons cette même nature dont elle se sert mais pour abréger l’œuvre et pour amener la Pierre à une plus que parfaite exaltation. L’art découvre une voie de disposition beaucoup plus subtile. En effet dans les veines métalliques on ne trouve qu’une seule chose, à savoir le mercure, qui est très cru et frigide, et dans lequel sa qualité sulfurée est profondément vaincue et nulle chaleur très digeste ne se trouve là, mais par un mouvement imperceptible après un assez long temps, ce principe métallique est changé jusqu’à ce qu’il soit converti en fixe. Ainsi, tant qu’il restait frigide et humide il était dit soufre. En cette élévation ou excitation il est nommé mercure. Vous voyez donc ce qu’il en est du soufre et du mercure, comment aussi nous avons en notre art un double mercure et un soufre double ; lesquels toutefois ne sont pas distincts par l’essence, mais par la maturité et la perfection. C’est pourquoi ils opèrent de même, comme je crois que vous avez compris. Voir aussi : Caïn 1, Mercure 1, Narcisse 1, Or 1, Sirène 2 |