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Saint Isidore de Séville, peint par Murillo ; auteur des "Étymologies", bien connues de tous les amateurs des mots.

 

Texte introductif au dictionnaire

Pourquoi se pencher sur l'étymologie quand on s'intéresse à la Tradition ?

Avant toute considération, il faut s'entendre sur la définition de l'étymologie étudiée ici. 
Ce terme contient deux racines grecques : œtumoj
 (véritable, vrai, réel) et lÒgoj(parole, étude). Il s'agit donc de rechercher le véritable sens d'un mot. De nos jours, on distingue deux types d'approches : la science étymologique moderne et universitaire (datant de la fin du XVIIIe siècle), qui répond à certains critères stricts, essentiellement basés sur la forme du point de vue linguistique, chronologique et historique ; la science étymologique traditionnelle (appelée parfois à tort « étymologie populaire ») qui se fie aux auteurs anciens et plus récents dont le souci principal est de comprendre le sens profond et ésotérique d'un vocable.

Ces deux études présentent un intérêt propre, mais dans ce dictionnaire-ci, c'est la deuxième approche qui sera privilégiée.

Quand on étudie les Anciens (ou des auteurs plus récents qui se réclament de leur école), on est surpris de constater à quel point ils font continuellement référence à l'étymologie, que ce soit pour cacher leur science ou pour l'expliquer, ce que notre regard « moderne » ne voit pas toujours.

L'étymologie traditionnelle est celle pratiquée par des auteurs comme saint Isidore de Séville (560-636), Varron (116-24 a.J.C.), Cornutus (1er siècle après J.C.), etc., celle qu'on retrouve dans d'anciens dictionnaires de renommée (le Stephanus latin), celle qu'ont étudiée ou étudient encore des auteurs hermétistes comme Reuchlin (1455-1522), Fulcanelli (XIXe et XXsiècles), Eustathe (1110-1198), etc.

Quand on saisit mieux le sens véritable des mots, le passage étudié prend un relief nouveau. Ce travail pourra donc, très utilement, aider le lecteur des grands textes de la Tradition, qui est à la recherche de la Vérité universelle.

Il ne s'agit bien sûr pas de forcer la compréhension des textes, car, comme le disait Platon, pour pénétrer totalement un écrit, il faut être aidé par la présence de l'esprit de son auteur.
Tout livre sacré, saint ou sage, a été inspiré par une Muse. Les Anciens affirmaient tous que n'était véritablement Poète que celui que la Muse inspirait. La Muse, du point de vue traditionnel, est par essence omnisciente, et il n'est donc pas possible qu'elle se trompe dans l'étymologie. Cette notion semble tout à fait oubliée de nos jours, et passe même pour farfelue.

Le but, ici, est d'offrir une clef de compréhension particulière, en analysant les mots qui cachent souvent des réalités n'apparaissant pas à la première lecture. 
Les termes peuvent être étudiés en français, ou dans une autre langue (la langue originale du texte sacré bien sûr), qu'elle soit hébraïque, grecque, latine, germanique ou autre.

Voici trois exemples en guise d'illustration de l'intérêt d'une approche étymologique.

Évangile selon saint Matthieu, XXVII, 21

Pilate promet à la foule de libérer un prisonnier, et c'est elle qui peut le choisir. Pilate propose deux personnes dont il cite les noms : « le Jésus Barabbas ou le Jésus appelé le Christ ». Remarquons que la majorité des manuscrits contiennent l'expression « Jésus Barabbas », ce qui est rarement repris dans les traductions en langue vulgaire, qui mentionnent simplement « Barabbas »1.
Si on considère que le mot Barabbas, en hébreu aba rb, signifie « le fils du Père », on mesure que ce passage de l'évangile contient un mystère important. Le fils du Père a été libéré, alors que l'autre Jésus, lui, a été crucifié.

Rabelais, Gargantua, Prologue de l'auteur

« Beuveurs très illustres et vous, vérolez très precieux, car à vous, non à aultres sont dediez mes escriptz ».

À qui Rabelais a-t-il dédié ses écrits bien étonnants et si souvent mal compris ?
 
- aux « beuveurs très illustres » : à ceux qui boivent et qui
  sont  alors illustres, du latin in-lustrum qui vient de lux, c'est-
  à-dire illuminés de l'intérieur.
- aux « vérolez très precieux » : à ceux qui sont oints de la
  véritable huile, du latin verum-oleum.

Si on part du principe que Rabelais (ou sa Muse) a utilisé ces termes en toute connaissance de cause, on découvre qu'il faut être illuminé et oint pour comprendre ce qu'il a écrit. Les alchimistes, eux aussi, écrivent pour « les candides lecteurs », c'est-à-dire pour ceux qui ont reçu la blancheur, la pureté, fruit d'un don et de l'action du feu  (du latin candere, candidatus et candor datus).

Louis Cattiaux, Le Message Retrouvé, III, 36

« Dieu est présent aussi longtemps que nous sommes là ». Le mot présent se dit en latin praesens, et vient des deux mots latins prae-sensibus, « devant les sens ».
Le verset prend alors un sens plus précis : Dieu n'est accessible à nos sens que lorsqu'il est incarné dans un prophète (« nous ») qui est là, sur terre, parmi nous.


REMARQUE PRÉLÉMINAIRE AU DICTIONNAIRE

Les citations se feront de manière abrégée. En voici une liste plus complète :
– Dictionnaires usuels : Robert, Larousse, Dictionnaire étymologique Larousse, Dictionnaire latin-français Gaffiot, Dictionnaire grec-français Bailly, Dictionnaire hébreu-français en 5 volumes Elmaleh, dictionnaire étymologique latin Thesaurus Linguae Latinae de Robert Estienne (désigné ci-dessous sous le nom latin de Stephanus, dictionnaire étymologique de la langue grecque de P. Chantraine, dictionnaire français en 6 volumes Littré.
Ces dictionnaires de base ne seront, la plupart du temps, pas référencés.
– Isidore de Séville, Etymologiae. Cet ouvrage n'a jamais été traduit en français. Les traductions sont donc nôtres. Il existe une version bilingue hispano-latine : Etimologias, Biblioteca de autores cristianos, Madrid, 2004.
– Varron, De lingua Latina. Ci-dessous : Varron.
– Plusieurs volumes des éditions Beya (Grez-Doiceau) ont été utilisées :
• Michaël Maïer, Arcana arcanissima, 2005, Beya, n° 5. Ci-dessous : Maïer.
• H. van Kasteel (éd.), Oracles et Prophétie, 2011, Beya n° 11. Ci-dessous : Oracles, Beya.
• Questions Homériques, Physique et métaphysique chez Homère, 2012, Beya n° 12. Ci-dessous : Homère, Beya.
• Reuchlin, Le Verbe qui fait des merveilles, 2014, Beya n° 14. Ci-dessous : Reuchlin, Beya.
• Louis Cattiaux, OEuvres complètes, 2005, Beya n° 4. Dont le Message Retrouvé (MR).
– Fulcanelli, Demeures philosophales. à Paris chez Jean-Jacques Pauvert, 1965.
– Emmanuel d'Hooghvorst, Le Fil de Pénélope, publié deux fois : Table Emeraude, Paris, 1996 ET et Beya n° 10, 2009. Ci-dessous : FP ou FP, Beya.
– Anonyme, La Vérité, ou les mystères du christianisme approfondis radicalement et reconnus physiquement vrais, en deux volumes, Londres, 1775. Cet ouvrage contient nombre d'étymologies qui semblent totalement farfelues. Il nous a pourtant semblé bon d'en mentionner certaines.
– Trois revues seront parfois citées : La Puerta, retorno a las fuentes tradicionales (Pineda de Mar, Arola Editors) ; Le Fil d'Ariane (Walhain Saint Paul) ; Le Miroir d'Isis (Ways)
– Porphyre et l'antre des nymphes, suivi d'un essai sur les grottes par P. Saintyves, Paris, 1918, éd. Émile Nourry.
– On a parfois puisé dans des commentaires oraux d'Emmanuel d'Hooghvorst (ci-dessous EH), cours d'hébreu (édition à caractère privé) ou autres.
– A.-J. Pernéty, Dictionnaire mytho-hermétique, Archè, Milan, 1980.
– Claude d’Ygé, Nouvelle Assemblée des philosophes chymiques, Dervy-livres, Paris, 1972.
– Pseudo-Avicenne, Le De anima in arte alchemiae, thèse présentée par Monsieur Sébastien Moureau. Publication prochaine.
– Jean-Ernest Burggrave, Achilles Redivivus, Amsterdam, 1612. Ci-dessous : Achille ressuscité. (traduction de Hans van Kasteel, à paraître).

Il n'y a pas eu de volonté systématique de suivre toujours le même schéma. Les mots ne seront donc pas toujours étudiés sous le même angle. 
Certaines suppositions sont totalement personnelles et sont donc sujettes à caution (elles seront alors marquées d'un point d'interrogation).
On s'intéresse au mot dans plusieurs langues (voir la répartition en colonnes), et on a parfois aussi été voir la signification du mot dans une autre langue (en gardant la prononciation : par exemple, le mot école, schola, scolh,
lk>), ce qui dépasse l'étymologie proprement dite. 
Ce dictionnaire constitue un rassemblement de recherches disparates... Que le lecteur n'hésite pas à nous faire part de ses réflexions, recherches, doutes, questions, etc...

Les noms des langues seront souvent écrits en abrégé : franç (français), ndls (néerlandais), angl. (anglais), germ. (germanique), sanskrit, vieux fr. (vieux français), celtique, italien, égypt. (égyptien), esp. (espagnol), lat.pop. (latin populaire), syriaque, chaldéen, arabe, persan

Que le lecteur nous pardonne certains manquements (esprits et accents grecs, caractères arabes, ...) !

1 Ce constat devrait encourager les lecteurs, dans la mesure du possible, à lire les écrits en version originale

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