Terme | Définitions |
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HERMÈS | [Eustathe, cité par van Kasteel, H., Fil d’Ariane, n° 24, p. 63] 1 – Eustathe dit : « Hermès, envoyé par Zeus, oui, envoyé de Dieu ( !) (…), c’est la parole (logÒj) physique comme nous » (Ad Od., I, p. 15). « Maintenant, lorsqu’Hermès, c.à.d. la parole (logÒj) intervient comme médiateur (mesiteÚontoj) (…), alors naît en Ulysse le désir philosophique de la patrie, c.à.d. du monde intelligible, qui est selon les Platoniciens la vraie patrie des âmes. De même, il s’élance vers Pénélope, c.à.d. la philosophie, libéré qu’il est, et détaché de ladite Calypso » (Ad Od. I, p. 17). [Cornutus , « De la théologie grecque », dans van Kasteel, H., Questions Homériques, Beya, 2012, p. 27-31] 2 – Hermès (`ErmÁj) incarne précisément la parole ou la raison (lÒgoj) que les dieux nous ont envoyée du ciel pour rendre l’homme, seul parmi tous les êtres vivant sur terre, doué de parole et de raison (logikÒj), c’est-à-dire de ce qu’eux-mêmes possèdent de plus éminent parmi tout le reste. Son nom vient de ™re‹n m»sasqai (« méditer de parler »), ou du fait d’être notre salut (™ruma), notre forteresse pour ainsi dire. De là vient, tout d’abord, son épithète de di£ktoroj (« messager »), parce qu’il est perçant (di£toroj) et clair ; ou parce qu’il fait parvenir (di£gein) nos pensées aux esprits de nos proches. Pour cette raison, d’ailleurs, on lui consacre les langues. On le surnomme, ensuite, ™rioÚnioj (« très avantageux »), parce qu’il est quelqu’un de grandement utile et que ses amis sont excessivement puissants ; et sîkoj (« protecteur »), comme s’il était le sauveur des maisons (swt¾r tîn o‡kwn) ; ou, selon certains, « puissant ». Le fait qu’il soit qualifié de ¢k£khta (« qui ne fait pas de mal ») a plus ou moins la signification suivante : la parole (lÒgoj) est née, non pour faire du mal et du tort, mais plutôt pour être salutaire. C’est pourquoi on fait habiter la Santé avec lui Son épithète ¢rgeifÒnthj signifie en quelque sorte ¢rgef£nthj, parce qu’il montre (fa…nein) et explique tout clairement ; les Anciens disaient ¢rgÒj pour « clair ». Ou bien, l’épithète s’explique par la rapidité de la voix (fwn») ; car ¢rgÒj signifie aussi « rapide ». Il est crusÒrrapij (« à la baguette d’or »), parce qu’un coup de sa baguette est très précieux : les avertissements opportuns, en effet, et la conversion de ceux qui y font attention ont beaucoup de valeur. La tradition fait de lui le héraut des dieux : il apporte, dit-on, leurs messages aux hommes. Il est donc héraut, parce que d’une voix criante, il présente à l’ouïe ce qui est signifié par la parole ; messager, parce que nous connaissons la volonté des dieux par les pensées que la parole nous a confiées. Il porte des sandales ailées et est transporté à travers l’air, conformément à la formule des « paroles ailées ». [Héraclite, « Allégories d’Homère », dans van Kasteel, H., Questions Homériques, Beya, 2012, p. 166] 3 – […] Hermès, c’est-à-dire la parole intelligente. En tout cas, nous supposons que ce nom d’Hermès (`ErmÁj) est l’expression étymologique de la vérité : il est l’interprète (˜rmhneÚj) de tout ce que pense l’esprit. Les artistes peintres et sculpteurs le représentent sous une forme bien équarrie ; c’est que toute parole droite a une base bien assise, qui l’empêche de glisser et de rouler d’un côté ou de l’autre. Ils le couronnent d’ailes, pour signifier la rapidité propre à toute parole. Il chérit la paix (e„r»nh) ; dans les guerres, en effet, les paroles font cruellement défaut, et c’est la force des bras qui l’emporte […]. Pourquoi donc le poète accorde-t-il à ce dieu deux honneurs, et cela en deux temps : l’un terrestre, plus exactement sous terre ; l’autre céleste, au-dessus de nous ? Eh bien ! la parole est double. Les philosophes appellent la première « intérieure », et la seconde « proférée ». Celle-ci énonce les raisonnements intimes ; celle-là reste enfermée au fond du cœur. La divinité, elle aussi, se sert, dit-on, de cette dernière ; car si on ne manque de rien, on se contente en soi-même de la voix dont on fait usage. Homère, donc, qualifie la parole intérieure de terrestre, parce qu’elle est invisible et obscurcie dans les abîmes de la pensée ; et il loge la proférée dans le ciel, parce qu’elle est visible de loin. On sacrifie à ce dieu la langue, le seul membre dont se serve la parole. Enfin, quand on va se coucher, on adresse la dernière libation à Hermès, parce que le sommeil met un terme à toute parole énoncée par la voix. Voir aussi : Coq 1, Coq 2, Mercure 14 |