Terme | Définitions |
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SOMMEIL | [Pernety, Les Fables Égyptiennes et grecques, Archè, 2004, tome 1, p. 557] 1 – Le sommeil de Silène marque le repos de la partie volatile, et les guirlandes de fleurs dont on le ceignit pour le mener à Midas, sont les différentes couleurs par lesquelles la matière passe avant d’arriver à la fixation. [Eustathe, « Commentaires sur l’Iliade », dans van Kasteel, H., Questions Homériques, Beya, 2012, p. 540] 2 – Il y a un sens philosophique au passage où le Sommeil se vante d’endormir tous les êtres, « même les courants de l’Océan », à l’exception de Zeus dont il ne peut, dit-il, s’approcher. Le Sommeil, en effet, représente une forme de tranquillité. Or parfois, chez les autres auteurs, l’eau de l’Océan est tranquille ; elle n’est pas toujours l’esclave des vents ou du mouvement. Même « la mer qui gronde », pour citer Sophocle, s’endort apaisée par le temps serein. De même, il arrive parfois à l’air d’être tranquille, de stagner, de ne plus être agité par le vent. C’est pourquoi d’ailleurs le Sommeil est cher à Héra, c’est-à-dire à cet air qui par moments, en l’absence du vent, s’apaise et devient serein. Par contre, Zeus l’éther est toujours éveillé et emporté par un mouvement circulaire. Il doit d’ailleurs ce nom d’éther (a„q»r) au fait qu’il court toujours (¢eˆ qšein). Aucune tranquillité ou aucun sommeil ne pourrait donc jamais arrêter son mouvement. C’est pourquoi le Sommeil ne dit pas simplement qu’un jour, Zeus chercha à lui nuire, mais qu’il voulut « le faire disparaître de l’éther », afin qu’il ne lui fût pas possible de fréquenter les êtres célestes. Voilà le commentaire qu’on peut faire si on interprète Zeus comme l’éther. Mais même si on adopte l’avis des Grecs selon lequel Zeus est l’intellect (noàj) du monde, le Sommeil et la tranquillité ne pourraient pas, surtout pas dans ce cas, vaincre son mouvement incessant. Toutefois, d’un autre point de vue, la philosophie enseigne que Zeus, qu’il s’agisse de l’intellect ou de l’éther, connaît une sorte de tranquillité, en ce sens qu’il est toujours semblable, identique, livré aux mêmes activités, avec une fixité continue, ferme, inébranlable, constante. C’est pourquoi si on poursuit bien le Sommeil, selon notre mythe, pour le faire disparaître de l’éther, il ne lui arrive cependant rien de tel. [Hermès Trismégiste., Corpus Hermeticum. Les Belles Lettres, 1972, vol. III, p. 31] 3 – Oui, comprends, enfant, la suprême importance de l’opération du sommeil, contraire à celle de l’âme, non pas moindre que celle-ci. Car, de même que l’âme opère le mouvement, de même aussi les corps ne peuvent-ils vivre sans le sommeil : car il est relâchement et détente des membres liés et il opère du dedans en assimilant au corps la matière qu’on y a introduite, dispensant à chaque partie ce qui lui convient, l’eau au sang, la terre aux os et aux moëlles, l’air aux nerfs et aux veines, le feu à l’organe de la vue. C’est pourquoi aussi le corps jouit au plus haut point quand le sommeil lui procure ce plaisir. |