[Canseliet, E., Alchimie, Pauvert, 1964, p. 108]

1 – « Cette clef (clef majeure du Grand Art, ce menstrue universel), dit Louis Delbeke, se trouve figurée par la partie inférieure du signe astronomique de la planète Saturne (♄). Pour ceux qui ont quelques connaissances en hiéroglyphes, ce signe forme l’emblème des deux éléments du Grand Œuvre, le fixe et le volatil…. La croix, figure géométrique indiquant la connaissance des nombres, est l’emblème de l’élément matériel (imparfait) qui pèse sur l’élément spirituel et cherche à l’absorber, tandis que la partie inférieure, à ligne parabolique, forme qui ne peut se réaliser au moyen du compas et de l’équerre, calcul géométrique, mais se crée par un effort de l’esprit, est l’emblème de l’élément spiritualiste ». Cette ligne parabolique, partie du contour de l’œuf, fut de tous temps le signe de l’initiation. Ce signe est la balance du juge des enfers et la faux de Saturne qui dévore tout ce qui n’est pas Jupiter, tout ce qui, en termes hermétiques, n’est pas volatil.

[Fulcanelli, Les demeures philosophales, t. 1, Pauvert, 1964, p. 35]

2 – « Heureux, s’écrie Philalèthe, celui qui peut saluer cette planète (Saturne) à marche lente (tardambulonem).

[van Lennep, J., Alchimie, Crédit Communal, 1984, p. 35]

3 – Saturne correspondait au métal le plus vil, le plomb ou encore l’antimoine. Il désignait par conséquent la matière première à l’opposé de la pierre philosophale qui apparaissait au terme de l’œuvre. Il régnait sur les premières opérations : la dissolution et la putréfaction. Celles-ci étaient logiquement signalées par la couleur noire, celle de la mort qui devait frapper la matière brute pour qu’elle puisse être transmutée. L’aspect du dieu correspondait bien à cette phase ténébreuse : un vieillard livide habillé de vêtements sales et en lambeaux. Armé d’une faux, il fauchait les heures jusqu’à celle fatidique de la mort […]. Mais ce dieu sinistre était aussi le roi détrôné d’un temps lointain : l’âge d’or. En ce sens, il était porteur de bien des promesses, celle d’un paradis perdu qu’il fallait reconquérir.

[Pernety, Les Fables Égyptiennes et grecques, Archè, 2004, tome 1, p. 570]

4 – Pendant la noirceur dont nous avons parlé, ou le règne de Saturne, l’âme de l’or, suivant les Philosophes, se joint avec le mercure ; et ils appellent en conséquence ce Saturne le tombeau du roi,  ou du Soleil. C’est alors que commence le règne des Dieux, parce que Saturne en est regardé comme le père ; c’est donc en effet l’âge d’or, puisque cette matière devenue noire contient en elle le principe aurifique, et l’or des Sages. L’artiste se trouve d’ailleurs dans le cas des sujets de Janus et de Saturne ; dès que la noirceur a paru, il est hors d’embarras et d’inquiétude. Jusque-là il avait travaillé sans relâche, et toujours incertain de la réussite. Peut-être avait-il erré dans les bois, les forêts, et sur les montagnes, c’est-à-dire travaillé sur différentes matières peu propres à cet art ; peut-être même avait-il erré près de deux cent fois en travaillant comme Pontanus sur la vraie matière. 

[d’Hooghvorst, S., Fil d’Ariane (article paru dans la revue “La Puerta”), n° 25, p. 22, note 2]

5 – Il est curieux qu’en astrologie Saturne (Chronos) est un principe qui donne du poids, qui coagule, qui corporifie. Ici nous voyons que Chronos rend possible la descente du germe et donc la naissance d’Aphrodite.

Voir aussi : Mélancolie 1, Divinité 1, Noir 1