Terme | Définitions |
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NOÛS | [d’Hooghvorst, E., Le Fil de Pénélope, Beya, 2009, p. 149-150] 1 – Comme s’il disait : vous qui avez retrouvé l’intellect originel, et non dégénéré en ruse de la raison, pénétrez, vous seuls, le mystère de mes vers. Dante parle ici en disciple d’Hermès selon le langage propre à l’école, où l’intellect traduit exactement le grec nous (nouj) qui était considéré dans les livres d’Hermès Trismégiste comme le fruit d’une initiation, un don divin. Qu’on relise, par exemple le traité IV, appelé le Cratère ou la Monade. L’intellect, en grec nous, y est présenté aux esprits des hommes comme un prix à gagner. À l’époque hellénistique dont on date les textes d’Hermès Trismégiste de même que les écrits néo-testamentaires, on se servait, écrit M. Guignebert, du terme noûs «... pour désigner un dieu noûs, lequel favorise ses élus d’un don céleste, nommé aussi noûs qui leur procure d’emblée une connaissance absolue du Tout, et leur vaut au surplus, l’immortalité». De même dans certains textes hermétiques, noûs désigne aussi le sens des mots et des choses. Saint Paul proclamait : «Nous avons le noûs du Christ», ce que saint Jérôme traduisait excellemment, «nos autem sensum Christi habemus», «nous avons le sens du Christ». […] Si la damnation est la privation de l’intellect, l’Enfer, c’est vivre dans un air sans étoiles. […] Le bien de l’intellect est précisément mis par Dante en relation avec le ciel étoilé. [van Kasteel, H., Fil d’Ariane n°27, p. 31-32] 2 – L’homme qui veut approcher Dieu doit essayer d’obtenir le sens divin dont parlent les Écritures. Celles-ci semble-t-il, n’en parlent pas seulement très subtilement, mais encore comme d’une chose très subtile : « Ainsi ce qu’il y a de plus subtil (leptomeršstaton) dans la matière, c’est l’air : dans l’air, l’âme (yuc») ; dans l’âme, le (noàj), dans le (noàj), Dieu » (Hermès Trism. XII, 14, trad. « Les Belles Lettres »). Les poèmes orphiques enseignent à propos de Zeus : « Son (noàj) véridique et royal, c’est l’éther incorruptible auquel tout obéit et par lequel tout s’exprime » (cf. Feye St., FA 2, p. 24). On pourrait rapprocher ce (noàj) éthéré de l’Âme du monde des hermétistes. « Par l’âme (yuc») du monde, l’auteur (Platon) entend, c’est bien clair, quelque chose d’analogue à ce qu’on appelle le (noàj) (Aristote, de l’âme, 407 b, trad. « Les Belles Lettres ») L’art des hermétistes consiste à capter cette matière subtile et à la corporifier. Cette conception ne s’écarte pas de celle des Grecs : « L’art (tšcnh), son nom n’indique-t-il donc pas la possession du (noàj) (œxij noàj)… ? (Platon, Cratyle, 414 b). On pense ici à la fameuse parole de St Paul : « Quant à nous, nous possédons le sens (noàj) du Christ. Voir aussi : Intellect 2, Verbe 2, Verbe 4 |