Terme | Définitions |
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TROIE | [Contoléon, C., « Panoplie d’Agamemnon » dans van Kasteel, H., Questions Homériques, Beya, 2012, p. 771] 1 – Cinyras savait donc que la nature humaine, étant chaos (c£oj) et confusion (sÚgcusij), ce qu’exprime le mot « Achéens » ('Acaio…), « naviguerait » et vivrait dans les remous et les tempêtes d’un destin instable et rempli d’effroi, destin appelé « Troie » (Tro…hn). Pour cette raison, il fit don de la forme même de l’esprit intelligent, afin que par elle l’homme retournât chez lui. Le nom de « Troie », comme celui de « Troyen » (Trèj), paraît étymologiquement associé à des verbes commetršw, « trembler »,trÚw, « épuiser »,te…rw, « accabler », titrèskw(futurtrèsw), « blesser ». [Psellos, M., « Petits traités d’exégèse… » dans van Kasteel, H., Questions Homériques, Beya, 2012, p. 840] 2 – Cette ville, aux yeux du poète, représente la cité terrestre tout entière. Troie n’est rien d’autre que la condition de ce bas monde, où l’on méprise la beauté intelligible pour s’emparer de la beauté sensible et très vantée d’Hélène, c’est-à-dire de ce qu’elle a d’envoûtant et de factice. C’est pour elle qu’on prend les armes, qu’on détruit le rempart protecteur, qu’on abat tout ce qui a de la valeur, et qu’on devient captif et prisonnier ; et cela parce qu’on a d’abord tué Hector (“Ektwr), c’est-à-dire l’intellect conservateur (™cštwr), car quand il périt, tout disparaît et est rasé de fond en comble. Et rien ne ravit cette cité autant que le cheval de bois, c’est-à-dire la partie furieuse, hennissante et réellement dépourvue de raison, que ceux qui assiègent notre ville bienheureuse introduisent nuitamment, quand nous sommes enveloppés par les ténèbres de nos passions ; car c’est alors que les démons, nos ennemis, nous tendent leurs pièges […]. Les Grecs, d’autre part, sont tous les esprits raisonnables venus (™lqoàsai) de la Grèce, c’est-à-dire du monde intelligible, dans la matière (Ûlh), ce qui leur vaut d’être qualifiés de ™p»ludej(“survenus”, “étrangers”) [Sophocle, Philoctète, 1190]. Aussi l’emportent-ils sur les Troyens, puisqu’ils appartiennent à l’ordre supérieur. Ils livrent un combat autour de l’image d’Hélène, conformément aux dires du poète : “Autour de l’image, Troyens et divins Achéens mutuellement déchirent, autour de leurs poitrines, les peaux de boeuf” [Iliade, V, 451 et 452]. Hélène (`Elšnh) signifie la beauté intelligible. Son nom signifie en quelque sorte ˜lenÒh(“qui capte l’intellect”) : elle attire vers elle-même l’intellect. Une émanation (¢pÒrroia) de cette beauté intelligible est confiée (™ndšdotai) à la matière par Aphrodite ('Afrod…th) ; et c’est pour cette émanation de la beauté que les Grecs se battent, comme si c’était pour un être humain [cf. ibid., où l’image est celle d’Énée, fils d’Aphrodite]. Les uns l’emportent sur la matière, s’en arrachent et la quittent pour aller vers le monde intelligible, la vraie patrie. Les autres s’attachent à elle ; c’est la vie du grand nombre.
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