[Psellos, M., « Petits traités d’exégèse… » dans van Kasteel, H., Questions Homériques, Beya, 2012, p. 866]

1 – Aux yeux du poète, Apollon est ou bien un dieu du panthéon grec, ou bien le Soleil visible. Qu’il soit l’un ou l’autre, dans les deux cas le nom d’Apollon ('ApÒllwn) s’explique par l’absence de la multiplicité (pollîn) : il siège au-dessus des autres, s’approche de l’UN et préside à l’union, non à la division. En fait, il y a deux Soleils dont l’un est la sphère visible dans le ciel, et l’autre, le Soleil intelligible, caché, idéal, qui a préséance sur le visible.

[van Kasteel, Hans (éd.), Oracles et Prophétie, Beya, 2011, p. 95, note 22]

2 – Apollon (en grec 'ApÒllwn) est le Dieu unique, selon son étymologie : ¢-pollîn (« sans multiplicité »), ou ¡plÒoj (« simple ») ; cf. le latin sol (« soleil »), de solus (« seul »).

[Cornutus, « De la théologie grecque », dans van Kasteel, H., Questions Homériques, Beya, 2012, p. 70-71]

3 – On croit que le nom d’Artémis (”Artemij) est un euphémisme : elle rendrait les hommes ¢rteme‹j, « sains ». De même, Apollon ('ApÒllwn) devrait son nom au fait qu’il nous délivre (¢polÚonta) des maladies, qu’il les éloigne (¢pelaÚnonta) de nous, ou qu’il les détruit (¢pollÚnta). La même intention est, pense-t-on, à l’origine de ses épithètes pai»wn (« guérisseur ») et „atrÒj (« médecin »).

D’après quelques-uns, le nom d’Apollon ('ApÒllwn) vient du pur fait de détruire (¢pollÚnai), puisqu’il est celui qui détruit (¢pollÚnta) la bonne ordonnance de ce monde dont il évapore, partout et sans arrêt, l’humidité pour la mêler à l’éther.

Peut-être son nom a-t-il encore le sens approximatif de ¡plîn (« simplifiant »), parce qu’il simplifie et dissout (¡ploàn kaˆ lÚein) la constitution de la substance, voire les ténèbres.

On a raison de décrire les deux comme frère et sœur, car ils se ressemblent, se déplacent d’un mouvement comparable, ont dans l’univers une puissance similaire et nourrissent les êtres de la terre de façon analogue.

Apollon est représenté comme un mâle, puisqu’il est le feu, plus chaud et plus actif ; Artémis, comme une femelle, sa puissance étant plus faible et dépourvue de force.

[Cornutus, « De la théologie grecque », dans van Kasteel, H., Questions Homériques, Beya, 2012, p. 71 et note 195]

4 – Apollon a l’âge d’un jeune garçon, l’âge où l’aspect des hommes est le plus gracieux. Le Soleil, en effet, a un aspect très beau et très jeune. En outre, on l’appelle « Phébus » (Fo‹boj) parce qu’il est pur et brillant*. On lui applique d’autres épithètes ou surnoms : « à la chevelure d’or » et « à la chevelure non tondue », car sa pureté lui confère un aspect doré et un état exempt de deuil.

On le nomme encore « Délien » (D»lioj) et « Illuminant » (Fana‹oj), parce que par lui les êtres se manifestent (dhloàsqai) et le monde s’illumine (fwt…zesqai). De même, on érigea jadis un sanctuaire pour Apollon 'An£faioj, c’est-à-dire qui met en lumière (¢nafa…nwn) toutes choses. À cela correspond aussi le fait qu’on lui consacre l’île de Délos (DÁloj) et celle d’Anaphe ('An£fh).

Étant donné, donc, qu’il met les choses en évidence, on fait dépendre de lui l’art de la divination. Aussi, après la découverte de l’oracle à Delphes, on surnomma Apollon « Pythien » (PÚqioj), puisque les hommes s’y rendaient pour l’interroger (punq£nesqai) sur leurs affaires.

*  Voir aussi Isidore, Étymologies, VIII, 9, 54 : « Apollon s’appelle encore Phébus (Phoebus), parce qu’il est comme un éphèbe (ephebus), c’est-à-dire un adolescent. On dépeint aussi le Soleil comme un jeune garçon (puer), parce qu’il se lève et naît chaque jour avec une lumière neuve. » Ibid., XI, 2, 10 : « Le jeune garçon (puer) est pur (purus) ; le terme puer vient donc de puritas (“pureté”) ».

Voir aussi : Chaleur 2, Divinité 1, Laurier 2.