Le présent volume est consacré au plus célèbre d’entre eux : Zosime (Zosimus). Originaire de Panopolis, près de Thèbes en Haute-Égypte, vivant vers 300 après J.-C., il est resté connu, dans la tradition alchimique latine héritière des Arabes, sous le nom de Rosinus (les lettres arabes correspondant à notre z et r s’écrivent de manière identique).

On est frappé par l’aisance avec laquelle Zosime confond, c’est-à-dire fond en une unité, des traditions apparemment diverses : l’égyptienne, la gréco-romaine, la judéo-chrétienne et la mithriaque.

La traduction, l’introduction détaillée (qui concerne aussi les alchimistes grecs en général, non seulement Zosime) et les notes de Madame Mertens sont extrêmement soignées ; il s’agit d’un chef-d’œuvre éditorial.

Quelques passages tirés des différents traités, regroupés sous le titre de Mémoires authentiques :

« Thot s’interprète dans la langue sacrée originelle comme le premier homme, interprète de tous les êtres et donneur de noms à toutes les choses corporelles. Mais les Chaldéens, les Parthes, les Mèdes et les Hébreux l’appellent Adam, pour lequel il y a une interprétation comme terre vierge, terre couleur de sang, terre rouge feu, terre charnelle. […] Ainsi donc, le premier homme est appelé Thot chez nous et Adam chez eux. » (p. 4 et 5)

« L’homme extérieur est un lien, dit Hésiode, avec lequel Zeus a lié Prométhée. Ensuite, après ce lien, il lui envoie encore un autre lien, Pandore, que les Hébreux appellent Ève. Car Prométhée et Épiméthée, c’est un seul homme, selon l’explication allégorique, c’est-à-dire une âme et un corps ; et tantôt Prométhée a l’image d’une âme, tantôt celle d’un intellect, tantôt celle d’une chair, à cause de l’indifférence dont Épiméthée fit preuve envers Prométhée, son propre intellect. En effet, notre intellect dit : “Le Fils de Dieu, qui peut tout et devient tout, quand il le veut, comme il le veut, se montre à chacun”. » (p. 6)

« Les Grecs appellent l’Adam terrestre Épiméthée, qui obtient de son propre intellect, c’est-à-dire de son frère, le conseil de ne pas recevoir les cadeaux de Zeus. » (p. 8)

« … Vous détenez le mystère incommunicable, auquel personne parmi les prophètes n’a osé initier par la parole : ils le faisaient seulement par leurs procédés gestuels. Car cet élément capital, ils l’appelèrent dans leurs écrits obliques la pierre qui n’est pas une pierre, celle qui est inconnaissable et connue de tous, celle qui est indigne d’honneur et très honorée, celle qui n’est pas un cadeau tout en étant un cadeau divin. » (p. 48 et 49)