Jacob ben Isaac Achkenazi de Janow, Le Commentaire sur la Torah, Verdier, Lagrasse, 1987, trad. J. Baumgarten, 944 pp.

Le vrai titre de l’ouvrage est Tseenah ureenah, yiddish pour : «Sortez et regardez !»

Car il s’agit bien d’un commentaire de la Torah rédigé en yiddish par Jacob ben Isaac Achkenazi, un érudit du XVIe siècle. L’auteur y explique, verset par verset, les cinq livres du Pentateuque en puisant à de nombreuses sources traditionnelles juives : Talmud, Midrachim, Rachi, Ramban, etc. C’est une sorte d’œuvre de vulgarisation destinée à la communauté juive dont beaucoup de membres ne connaissaient alors plus l’hébreu.

Le lecteur est ainsi plongé au cœur de l’exégèse biblique traditionnelle et a un large aperçu de la manière dont la Torah peut être comprise, manière qui est évidemment très éloignée de ce que proposent de savants commentateurs modernes, souvent hélas ! peu inspirés.

«Il ne faut pas errer la nuit avant que les coqs n’aient chanté. En effet, aussitôt après le chant du coq, les démons perdent tout pouvoir.» (p. 92)

«Le Midrach dit : Quand Abraham naquit, une étoile apparut dans le ciel à l’Est. […] Les sages dirent à Nemrod : “Terah vient d’avoir un fils dont les enfants hériteront de ce monde et du monde à venir. Tu devrais lui offrir beaucoup d’or et d’argent afin qu’il te donne son fils et puis tu le tueras.” Nemrod envoya aussitôt chercher Terah. […] Alors Terah s’enfuit et cacha Abraham dans une grotte pendant trois ans.» (p. 115)

«Lorsque le couteau à égorger effleura le cou d’Isaac, son âme le quitta. Il entendit la voix venant du trône divin criant qu’il ne fallait pas toucher à Isaac, alors son âme revint dans son corps. Abraham le délia et dit : “Sois loué Élohim qui ressuscite les morts”.» (p. 153)

«L’accomplissement d’un rêve découle de l’interprétation qui en est donnée, comme le dit le verset : “Selon ce qu’il nous avait interprété, ainsi en advint-il” [Genèse 41, 13].» (p. 277)

«L’homme doit toujours louer Dieu, même quand les choses ne vont pas très bien pour lui. Il ne doit jamais s’opposer à Dieu qui fait tout pour le mieux.» (p. 311)

«Quand le juste se trouve au milieu des gens, sa bénédiction les accompagne.» (p. 313)

«[Sur Exode 1, 22 et ss. :] Les astrologues dirent à Pharaon quel jour le Messie d’Israël allait naître ; toutefois, ils ne purent prédire s’il serait un Juif ou un Égyptien. Ce Messie périrait à cause de l’eau. Pharaon fit donc jeter dans le fleuve tous les enfants, y compris les Égyptiens ; cependant les astrologues ignoraient que l’eau signifiait que Moïse serait châtié, mais pas tué. Il frappa un rocher dans le désert, afin que le peuple d’Israël ait de l’eau à boire. Le Saint, béni soit-Il, le punit en lui interdisant de pénétrer en terre d’Israël.» (p. 352)

«Moïse emmena sa femme et ses enfants. Il les fit monter sur un âne, le même que celui sur lequel Abraham partit offrir Isaac en sacrifice. À sa venue, le Messie apparaîtra également sur cet âne.» (p. 362)

«Toutes les plaies qui fondirent sur l’Égypte, le Saint, béni soit-Il, les infligera à nouveau aux idolâtres à la venue du Messie.» (p. 389)

«Il faut sanctifier le Chabbat. Tu ne devras rien faire, ne pas penser à l’argent, ni au corps, mais uniquement t’occuper de questions saintes et étudier la Torah. Tous les péchés sont pardonnés à celui qui respecte le Chabbat.» (p. 436)

«Il existe beaucoup de savants qui profèrent de beaux sermons avec la bouche, faisant croire qu’ils sont pieux alors que leur cœur l’est beaucoup moins. Voilà pourquoi nos sages comparent la Torah à un miroir ou à un verre transparent, à travers lequel on peut très bien voir. L’image reflétée à l’intérieur est identique à la réalité extérieure. Cela doit s’appliquer également au savant.» (p. 472)

«Tout Juif qui se rendait auprès de Moïse, c’était comme s’il allait vers Dieu. Cela nous apprend que lorsqu’un homme va à la rencontre d’un savant pour l’accueillir, c’est comme s’il accueillait le Saint, béni soit-Il.» (p. 511)

«Le péché est symbolisé par la couleur rouge.» (p. 739)

«Quand un homme commet des péchés, il ne doit pas croire que Dieu ne lui pardonnera jamais, car le Saint, béni soit-Il, est plein de miséricorde et Il absout les fautes de ceux qui l’implorent.» (p. 752)

«Le Saint, béni soit-Il, conduit toujours l’homme dans la voie qu’il désire emprunter à ses risques et périls.» (p. 904)

«“Tout ce que ta main a trouvé à faire, fais-le en ta force, car il n’y a ni œuvre, ni science, ni sagesse dans le Sheol où tu vas” [Ecclésiaste 9, 10], ce qui signifie : quand tu peux te repentir dans ce monde, fais-le immédiatement avant de mourir car, dans les profondeurs de l’enfer, il n’y a plus de bonnes actions, ni de repentir.» (p. 910)

«“Zebulon habitera au bord des mers” [Genèse 49, 13]. Le Midrach dit : Zebulon s’adressa à Dieu : “Pourquoi m’as-tu octroyé une portion de la terre d’Israël située au bord de la mer, alors qu’à mes frères, tu as donné de bons champs et des vignes fertiles ?” Dieu répondit : “Tu pêcheras dans les eaux un poisson du nom de hilazon [le murex] que toute la communauté d’Israël t’achètera à prix d’or afin de teindre en bleu la laine pour les franges des tsitsit. […] Comme tu feras le commerce de cette teinture nécessaire à la confection des tsitsit, tu seras protégé du mal.”» (p. 942)