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  • Victor Magnien | Les mystères d'Éleusis | Paris, Payot, 1950
Écrit par : Victor Magnien
Titre : Les Mystères d'Éleusis
Date de parution : 1950
Éditeur : Payot
 
 

V. Magnien, Les Mystères d’Éleusis, Payot, Paris, 1950, 366 pp.

 

C’est un de ces chefs-d’œuvre synthétiques dans le domaine des études classiques, qu’aucun passionné de l’Antiquité ne peut se permettre de ne pas lire. Victor Magnien se base sur les témoignages des auteurs pour reconstituer, autant que faire se peut, les Mystères d’Éleusis célébrés durant de longs siècles à proximité d’Athènes, dans le plus grand des secrets. Plutôt que de témoignages, il faudrait parler d’allusions ; car les témoins restent généralement discrets et ne lèvent ici ou là qu’un petit coin du voile.

En recoupant les informations, nous apprenons qu’après une purification initiale, les mystes assistaient aux Petits Mystères, plus tard aux Grands Mystères, enfin à l’Époptie (ou Contemplation). On était initié aussi à différents degrés de la hiérarchie sacerdotale.

Les Mystères étaient liés à l’agriculture, à la poésie, à la médecine, à l’exercice de la royauté, et last but not least à la philosophie.

Magnien n’a écarté aucun texte, aucune allusion quelque discrète qu’elle soit ; si, malgré cela, le lecteur a l’impression que bien des choses lui échappent, la cause en est avant tout le silence auquel étaient tenus les initiés. Il n’empêche que les textes reproduits sont souvent passionnants et permettent de mieux comprendre que la philosophie des Anciens n’était pas une affaire de «penseurs», mais se basait sur une expérience de pratiquants :

«Celui qui viendra chez Hadès sans avoir pris part à l’initiation et aux Mystères sera plongé dans le bourbier ; au contraire, celui qui aura été purifié et initié vivra avec les dieux.» (p. 27)

«Orphée en vint à un haut degré de puissance, car il avait la réputation d’avoir trouvé les télétés [télété : “perfectionnement des mystes”] des dieux, les purifications des actes criminels, les guérisons des maladies et la conjuration des ressentiments divins.» (p. 38)

«Ces Mystères ne sont pas autre chose que l’aïdoïon [“membre viril”] d’Osiris enlevé et recherché par la déesse aux sept manteaux et aux vêtements noirs.» (p. 45)

«L’accord de Platon avec les Mystères d’Éleusis est sans cesse reconnu par les commentateurs grecs du philosophe, comme Olympiodore et Proclus. Mais le philosophe l’a indiqué lui-même à plusieurs reprises dans ses œuvres.» (p. 62)

«Les philosophies se rapprochent des religions de telle sorte qu’il est souvent impossible de distinguer les unes des autres.» (p. 63)

«La philosophie est une assimilation au dieu.» (p. 63)

«Proserpine entraînée par Hadès, c’est la puissance de germination emportée quand le soleil va vers l’équinoxe d’hiver.» (p. 77)

«Dionysos a été démembré, puis dévoré par les Titans ; Zeus a foudroyé les Titans ; de la cendre produite par ce foudroiement des Titans sont nés les hommes dont chacun a donc en lui-même une parcelle infime de Dionysos ; ce Dionysos enfermé dans le corps humain et dans le monde comme dans une prison doit se libérer avec l’aide du Dionysos qui reste en haut ; ainsi l’homme passe-t-il de la vie titanique à la vie olympique ou à la vie unique.» (p. 91)

«La philosophie est un accomplissement parfait : ce qui a été perdu par les âmes dans le malheur de la naissance, elle le restitue par les souvenirs.» (p. 100)

«Plutarque y explique qu’il y a deux morts, l’une par laquelle l’âme [psyché] se sépare du corps, l’autre par laquelle le noûs [“intellect”, “sens divin”] se sépare de l’âme, la première accomplie en peu de temps, la seconde durant longtemps.» (p. 108)

«De même qu’Aristide Quintilien nous expose comment, à la descente, les âmes perdent leur forme sphérique primitive et prennent une forme analogue à celle du corps humain, de même le commentateur d’Homère, Eustathe, nous fait connaître qu’“après la mort, les âmes deviennent sphériques”. Pour Platon, suivant Olympiodore, la sphère, c’est l’âme.» (p. 109)

«Héraclès et Dionysos ont été initiés à Athènes avant de descendre aux Enfers, et la hardiesse pour le voyage de là-bas leur est venue du voyage accompli à Éleusis.» (p. 115)

«Ceux qui s’attachent bien à la philosophie se trouvent, sans que les autres s’en aperçoivent, s’appliquer à mourir et à être morts.» (p. 116)

«La mort est double : l’une, connue de tous, a lieu quand le corps se détache de l’âme ; l’autre, celle des philosophes, quand l’âme se détache du corps.» (p. 117)

«La philosophie est, pourrait-on dire, une initiation à la véritable télété et une transmission des véritables Mystères.» (p. 154)

«Ce n’est pas sans une inspiration divine qu’il a parlé, celui qui a dit que “le sommeil c’est les Petits Mystères de la mort” ; car le sommeil, c’est véritablement une initiation première de la mort.» (p. 187)

«Avant les Mystères, ceux qui sont initiés effraient ceux qui vont recevoir l’initiation.» (p. 214)

«Suivant Galien, Esculape conseille à ceux qui se sont trop échauffé le corps par des passions excessives, d’écouter la lecture d’un poème, d’entendre le chant d’un hymne, d’assister à la représentation d’une comédie. Et Pausanias nous affirme que les hymnes orphiques ont le pouvoir d’opérer certaines guérisons.» (p. 244)

«[On appelle] deutéropotmos celui qui s’est enfoncé pour la deuxième fois dans le sein d’une femme, comme c’était l’habitude, chez les Athéniens, d’être engendré pour une seconde fois.» (p. 265)

«La nature de l’âme reste sur la lune, comme conservant quelques traces et quelques songes de la vie ; et je crois que l’on s’est bien exprimé à son sujet en disant : l’âme, “envolée comme un songe, est emportée par ses ailes”, car ce n’est pas aussitôt après être débarrassée du corps qu’elle a souffert cela, mais plus tard, lorsqu’elle devient seule et isolée, séparée du noûs… Elles se dissolvent dans la lune comme les corps des morts dans la terre, vivement celles qui sont sophrones [“sages”, litt. “au diaphragme intact”].» (p. 266)

«L’expérience sacrée ne ressemble en rien à une attention de la connaissance ni à une marche de l’esprit ; elle ne ressemble pas non plus à ce qui varie selon les situations ; mais, pour comparer une grande chose à une petite, il en va de cela comme de ce que dit Aristote de ceux que l’on initie, qu’ils ne doivent pas apprendre quelque chose, mais éprouver des émotions, et être mis dans certaines dispositions, évidemment après être devenus aptes à les recevoir. L’aptitude elle aussi, d’ailleurs, est irraisonnée, et lorsque la raison ne la prépare même pas, elle l’est beaucoup plus encore.» (p. 299)

«Si, dirais-je, les philosophes ne règnent pas dans les cités, ou bien si ceux qu’on appelle maintenant rois et dynastes ne philosophent pas de façon noble et suffisante, et si la puissance politique et la philosophie ne se rencontrent pas dans le même sujet, et si les natures nombreuses de ceux qui inclinent exclusivement vers l’une ou l’autre chose ne sont pas écartées de toute nécessité, il n’y a pas cessation de maux pour les cités, ô cher Glaucos, et non plus, je pense, pour le genre humain.» (p. 320)

«Il disait que les âmes des morts, remontant d’en bas, produisaient une sorte de bulle lumineuse quand l’air sortait ; qu’ensuite la bulle se crevait, et que les âmes sortaient avec la forme humaine, mais sans poids qui les alourdisse. Elles ne se meuvent pas de la même façon, mais les unes sautent (hors de cette bulle) avec une admirable légèreté et bondissent tout droit vers le haut ; les autres, comme des fuseaux, tournent en cercle ; et rampant tantôt vers le bas, tantôt vers le haut, sont emportées d’un mouvement mêlé et troublé, qui se termine après beaucoup de temps et avec peine. La plupart de ces âmes, il ne savait pas qui elles étaient. Cependant, en ayant aperçu deux ou trois bien connues de lui, il essayait de les aborder et de leur parler : elles n’entendaient pas et n’étaient pas en elles-mêmes, mais sans phrênes [“diaphragme”], et tout effarées, fuyant toute vue et tout toucher, elles erraient d’abord au hasard toutes seules, puis se joignaient à d’autres qui étaient dans le même état, s’entrelaçaient, avaient toutes sortes de mouvements désordonnés, émettaient des sons inarticulés, semblables à des hurlements, mêlés de lamentation et de terreur. Les autres, en haut, tout au sommet de ce qui entourait, apparaissaient toutes brillantes, se joignaient les unes les autres avec bienveillance, évitant les âmes troublées ; elles montraient, à ce qu’il semble, leur mauvaise disposition en se contractant, et leur joie ou leur approbation en se détendant et en se dilatant.» (p. 340)

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