Écrit par : Pindare
Titre : Isthmiques et Fragments
Date de parution : 1923
Éditeur : Les Belles Lettres
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Pindare, Isthmiques et Fragments, Les Belles Lettres, Paris, 1923, 260 pp.
Qui croit encore à la vérité toute simple exprimée par les poètes ? Il faut peut-être de l’audace pour supposer que Pindare n’est ni fanfaron ni débordant d’imagination poétique ni amateur de figures de style, quand il écrit :
«Moi cependant, comme un héraut privilégié qui fait entendre des paroles savantes, la Muse m’a suscité afin que je demande, en mes prières, la prospérité pour l’Hellade.» (Fragments, p. 149) E. d’Hooghvorst écrivait : «La poésie, la vraie, se confond avec la prophétie. Les Anciens ne doutaient pas que les poètes ne fussent possédés d’un être divin, la Muse. Sans Muse, pas de poète.» (Le Fil de Pénélope, t. I, Beya, p. 102) Pindare en témoigne : «Rends tes oracles, ô Muse, et je serai ton prophète (profateÚsw).» (Fragments, p. 213) La prophétie étant sœur de l’alchimie, on ne sera pas étonné de voir Le Fil de Pénélope proposer un commentaire alchimique (cf. t. I, Beya, p. 54) de la description de l’île de Délos présente dans l’un des nombreux Fragments (p. 159) que Puech a eu le soin de publier à la suite des Isthmiques, quatrième et dernier recueil des odes composées à la gloire des vainqueurs des différents grands Jeux de l’Antiquité grecque. Quelques autres extraits de l’ouvrage : «L’or est un fils de Zeus ; ni rouille ni vers le ronge, et il dompte l’esprit des hommes : c’est de tous leurs biens le plus puissant.» (Fragments, p. 228) «Souvent ce que l’on tait est ce qui cause le plus de plaisir.» (Isthmiques, I, 88 et 89) «Argent, argent, voilà l’homme !» (Isthmiques, II, 17) «La félicité, pour les justes, est plus durable, tandis que, pour ceux qui suivent des chemins obliques, elle ne saurait, en tout temps, également fleurir.» (Isthmiques, III, 8 à 10) «Seuls, les enfants des Dieux sont invulnérables.» (Isthmiques, III, 30) «Nous mourons tous pareillement ; mais notre sort (da…mwn) n’est pas semblable.» (Isthmiques, VII, 59 et 60) «Chose que les Dieux peuvent enseigner aux poètes, mais que les mortels sont incapables de trouver.» (Fragments, pp. 120 et 121) «Les esprits des hommes sont aveugles, quand ils veulent, sans le concours des vierges d’Hélicon [les Muses], venir explorer la route profonde de la sagesse.» (Fragments, p. 133) «Qu’attends-tu de la science, par laquelle les hommes l’emportent de peu l’un sur l’autre ? Il n’est pas possible de sonder les volontés des Dieux à l’aide de l’intelligence humaine ; elle est issue d’une mère mortelle…» (Fragments, pp. 136 et 137) «En toute chose, quand Dieu nous montre le principe, la voie est directe qui mène au succès, et l’issue est plus belle.» (Fragments, p. 183) «Qu’est-ce que Dieu ? ce qu’est le Tout.» (Fragments, p. 211) «Il est pareil de fuir devant un Dieu ou devant un homme aimé des Dieux.» (Fragments, p. 229) «Lorsque la divinité veut envoyer à un homme une joie, elle commence par froisser et assombrir son cœur.» (Fragments, p. 229) «Point de foi aux gens sans foi.» (Fragments, p. 230) Ce dernier aphorisme (pistÕn d’¢p…stoij oÙden) pourrait se traduire aussi : «Rien n’est crédible aux yeux des incrédules.» |