Écrit par : Dante
Titre : La Divine Comédie
Date de parution : 1990
Éditeur : Flammarion
|
Dante, La Divine Comédie, GF-Flammarion, Paris, t. I (« L’Enfer »), 1985, 380 pp. ; t. II, (« Le Purgatoire »), 1988, 376 pp. ; t. III (« Le Paradis »), 1990, 406 pp. ; édition bilingue, traduction Jacqueline Risset
Faut-il encore présenter La Divine Comédie, l’ouvrage le plus célèbre du Florentin Dante Alighieri (1265-1321) ? Qui ne connaît au moins les impressionnantes gravures que réalisa Gustave Doré pour illustrer ce voyage initiatique dans le monde de l’au-delà ? Mais qui, du moins dans le monde francophone, a vraiment pris la peine de lire en entier, voire d’examiner de plus près ce chef-d’œuvre de la littérature mondiale ? Car son auteur nous fait bien comprendre qu’il s’agit, non d’un simple poème fantastique ou fantasmagorique, mais du récit d’une expérience redoutable vécue, quand bien même les images nous paraissent « poétiques » et que l’allégorie s’en mêle. S’il existe de très nombreuses traductions de La Divine Comédie, l’ouvrage de Jacqueline Risset possède l’avantage de présenter à la fois le texte italien et une version assez littérale (et lisible !), juxtaposés vers après vers, ce qui permet aux amateurs de la belle langue italienne de consulter facilement l’original s’ils le désirent. Un appareil de notes à la fin de chaque tome livre des explications sommaires au sujet, par exemple, des personnes mentionnées dans le poème. Reproduisons sans tarder quelques extraits de la Comédie : « Au milieu du chemin de notre vie je me retrouvai par une forêt obscure car la voie droite était perdue. Ah dire ce qu’elle était est chose dure cette forêt féroce et âpre et forte qui ranime la peur dans la pensée ! Elle est si amère que mort l’est à peine plus ; mais pour parler du bien que j’y trouvai, je dirai des autres choses que j’y ai vues. » (Enfer, I, 1 à 9) « Qui donc est celui-là qui sans avoir sa mort s’en va par le royaume des âmes mortes ? » (Enfer, VIII, 84 et 85) « Ô vous qui avez l’entendement (li ’intelletti) sain, voyez la doctrine qui se cache sous le voile des vers étranges. » (Enfer, IX, 61 à 63) « Si j’avais les rimes âpres et rauques comme il conviendrait à ce lugubre trou sur lequel s’appuient tous les autres rocs, j’exprimerais le suc de ma pensée plus pleinement ; mais je ne les ai point, et non sans frayeur je m’apprête à parler : car ce n’est pas affaire à prendre à la légère que de décrire le fond de l’univers entier ni celle d’une langue disant “papa, maman”. » (Enfer, XXXII, 1 à 9) « Ô chrétiens orgueilleux, pauvres infortunés, qui êtes privés de la vue de l’esprit, et vous fiez à marcher à reculons, ne voyez-vous pas que nous sommes des vers nés pour former l’angélique papillon qui vole sans écrans vers la justice ? De quoi s’enfle si haut votre âme, si vous n’êtes qu’insectes manqués, comme larves, où la croissance fait défaut ? » (Purgatoire, X, 121 à 129) « Notre Père, qui es dans les cieux, non circonscrit en eux, mais pour le plus d’amour que tu as là-haut pour tes premières œuvres, que ton nom soit loué, et ta valeur, par toute créature, comme il convient de rendre grâce à ta douce vapeur. Que vienne à nous la paix de ton royaume, car de nous-mêmes nous ne pouvons aller à elle si elle ne vient à nous, malgré tous nos efforts. Comme tes anges te font le sacrifice de leur vouloir, en chantant hosanna, il faut que les humains te sacrifient le leur. Donne-nous aujourd’hui la manne quotidienne, sans quoi, dans cet âpre désert, ceux qui s’efforcent d’avancer vont en arrière. Et comme à tous nous pardonnons le mal que nous avons souffert, pardonne-nous aussi, dans ta bonté, sans regarder à nos mérites. Notre vertu, qui succombe aisément, ne l’expose pas à l’antique adversaire mais délivre-nous de lui, qui la tourmente. » (Purgatoire, XI, 1 à 21) « Qui veut savoir mon nom le sache : je suis Lia, et je bouge à l’entour mes belles mains pour me faire des guirlandes. Je m’orne pour me plaire, ici, au miroir ; mais ma sœur Rachel ne le quitte pas, et reste devant lui, assise tout le jour. Elle aime à mirer ses beaux yeux comme moi à m’orner de mes mains ; voir est sa joie, et la mienne agir. » (Purgatoire, XXVII, 100 à 108) « La conscience obscurcie ou par sa faute ou par celle d’autrui trouvera ta parole [la parole de Dante] brutale. Néanmoins, écartant tout mensonge, porte au jour ta vision tout entière, et laisse gratter là où elle est la gale. Car si ta voix sera déplaisante au premier goût, ensuite elle laissera une fois digérée, nourriture de vie. » (Paradis, XVII, 124 à 132) « Vierge mère, fille de ton fils, humble et haute plus que créature, terme arrêté d’un éternel conseil, tu es celle qui as tant annobli notre nature humaine, que son créateur daigna se faire sa créature. Dans ton ventre l’amour s’est rallumé par la chaleur de qui, dans le calme éternel, cette fleur ainsi est éclose. Ici [au paradis] tu es pour nous la torche méridienne de charité, en bas chez les mortels tu es source vivace d’espérance. Dame tu es si grande et de valeur si haute que qui veut une grâce et à toi ne vient pas, il veut que son désir vole sans ailes. » (Paradis, XXXIII, 1 à 15)
|