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Manger ou goûter par le jeûne ?

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#27

Que la Paix et la Bénédiction de Dieu soit sur vous !

Tout d'abord, merci pour votre excellent travail. Que le Seigneur le fasse Sien et qu'Il vous fasse bénéficier de Ses Grâces abondantes par l'accomplissement de cette noble entreprise.

Votre article A propos de l'acte de "manger" est particulièrement appétissant. Il parvient en effet à remuer la soupe du Mystère et en faire remonter ses effluves les plus enivrants, tout en ne prétendant pas révéler la recette du divin bouillon ... Ce qui ne fait qu'accentuer l'appétit du chercheur affamé !

N'ayant qu'une connaissance très superficielle des la traditions chrétienne et alchimiques, je me demande quelles sont les autres applications pratiques de ces principes qui ont été transmises en marge de ces textes.
Outre l'exemple évident de l'Eucharistie, ne pourrait-on pas également mentionner le jeûne comme la pratique qui se rapproche paradoxalement le plus de cet acte de "manger" ? Je pense à cela, notamment, à cause de la mention du Dhawq que la Tradition islamique rapproche justement souvent du fait de se vider de tout ce qui n'est pas Lui pour mieux se nourrir de Sa Présence nourrissante et enivrante ...
Cet acte de "manger" serait-il donc l'absorption d'un "quelque-chose" extérieur à nous ?
Ou au contraire l'abstinence de se nourrir d'autre chose que de la Présence du Seigneur, Vivant (al-Hayyu) et Pourvoyeur (al-Razzâqu) ?

Très cordialement,
Fi amâni-Llah

Dernière édition: par ibn al-3adam.
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#29

Bonjour cher ibn al-3adam !

Je vous rejoins pour vos encouragements chaleureux et souhaite, avec vous, une longue vie à ce site ! En espérant qu’il puisse aider de nombreux chercheurs.

Plus qu’une réponse à vos questions, j’essaie d’apporter quelques pistes supplémentaires glanées à gauche à droite concernant les thèmes évoqués…

Concernant le jeûne, il semblerait que Louis Cattiaux mentionne plusieurs « sortes » de jeûnes.

« Si nous ne vidons pas le corps par le jeûne, l'esprit par la prière et l'âme par la contemplation, comment le Seigneur pourra-t-il nous combler de sa présence, triple et unique ? » (MR 14, 49’)

Mais de quel jeûne parle-t-il réellement ? Quand on lit notamment :

« Le vrai rajeunissement consiste à manger la vie débarrassée de la mort et c’est encore la sainte communion mystérieuse et réelle du corps pur de Dieu, incarné : tout le reste est une rigolade pour végétariens. » (correspondance).

On trouve aussi dans la concordance :

Le silence et le jeûne absorbent efficacement les stimuli de l'impatience et de la colère, comme l'amour de Dieu et l'oubli de soi étouffent les semences de la cupidité et de l'orgueil. " La vie éternelle est comme la fixité du feu de la conscience parmi les créations mouvantes de l'eau mère. " (MR 14, 40)

Je me souviens également avoir entendu que Paracelse critiquait les médecins de son temps et leur pratiques. Concernant le jeûne, il se vantait de soigner ses patients avec leur ventre plein !

Quant à savoir s’il s’agit d’ingérer « quelque chose » d’extérieur :

On pense forcément à l’eucharistie, l’or potable, l’ambroisie, le mercure des Philosophes, etc. Quant à faire une distinction entre tout ça…

Cet aliment, Homère et les anciens Grecs l’ont appelé ἀμϐροσία « ambroisie », dont le nom signifie « immortalité ». Voici la définition qu’en donne A.-J. Pernety, dans son Dictionnaire mytho-hermétique :

« AMBROISIE : nourriture des Dieux ; c’est le Mercure des philosophes Hermétiques, principe de tous les métaux. »

Et dans le glossaire :

[D’ECKHARTSHAUSEN, La nuée sur le Sanctuaire, Psyché, 1965, p. 138]

Pain veut dire littéralement la substance qui contient tout, et vin la substance qui vivifie tout. Ainsi, un prêtre selon l’ordre de Melchisédeq est celui qui sait séparer la substance qui contient tout et vivifie tout, de la matière impure.

C'est aussi ce qu'en dit Paracelse dans sa "Grande astronomie" en définissant l'alchimie :

1 – L’alchimie est l’art de la séparation. L’alchimiste anticipe le Jugement dernier : il sépare le pur et l’impur.

Il semblerait effectivement qu’il faille vider et remplir :

Livre 22, verset 54

54 Quand nous sommes tristes à mourir sans savoir pourquoi, c'est parce que nous nous vidons des choses du monde et que nous ne nous remplissons pas de celles de Dieu.
En effet, le plein du monde résiste à Dieu par son poids mort, et le plein de Dieu résiste au monde par son poids vivant, tandis que le vide du monde et de Dieu se trouve écrasé insupportablement entre le ciel et la terre, qui se rejoignent alors sans bénédiction et sans fécondation.

Bien à vous,
Le Fou du Roi

Dernière édition: par arca.
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#31

Cher Fou du Roi,

merci pour votre réponse généreuse.

Comment ne pas suivre Louis Cattiaux sur la distinction entre « la sainte communion mystérieuse et réelle du corps pur de Dieu » et les « rigolades pour végétariens » ou autres joyeusetés thérapeutiques dont se moquait certainement Paracelse.

Mais si ma question porte justement sur cet aspect « pratique » c’est parce qu’à l’image de l’Eucharistie qui transfigure le pain et le vin de tous les jours, il me semble évident qu’on ne peut se limiter à lire des recettes ou à collectionner les menus des restaurants aux illustrations appétissantes …
Puisqu’il s’agit de « manger », je me demandais donc si cette Ambroisie, en tant que « principe » selon Pernety, est à chercher dans quelque chose à « ingérer » depuis l’extérieur, ou au contraire dont il faut retrouver l’origine par l’intérieur en mettant en pratique cet « art de la séparation » dont parle Paracelse.
Or, qui dit « art » dit geste et manière …
Doit-on attendre que l’Ambroisie nous tombe du ciel comme la « Table servie » offerte à Marie (aS) ?
Ou plutôt apprendre à la fabriquer dans notre vie quotidienne comme le pain du « Notre Père » ?
Ou alors, est-il possible de trouver des marchands qualifiés qui en possèdent et qui en transmettent les grâces ?

J’espère ne pas paraître vain ou ennuyeux avec ces questions.
Mais cet aspect pratique et vivant de la Tradition me semble être son caractère le plus essentiel …

Que Dieu vous facilite la Voie vers Lui,

Fi amâni-Llah
(qui est une salutation signifiant « dans la protection de Dieu » ou « dans la Foi de Dieu » … et non pas mon surnom !)

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#32

Cher Fi amâni-Llah, Cher Bien à Vous,

Merci beaucoup pour vos questions et réponses. J’avais commencé à Répondre à Mr. Ibn al-‘Adam, mais je vois que le Fou du Fou m’a devancé, en citant d’ailleurs les versets auxquels j’avais pensé.

Si, dans mon article, je ne fais effectivement que donner un avant-goût de ce que pourrait être ce Mystère, c’est parce que, malheureusement, la seule chose que je puisse faire pour l’instant est de répéter ce qu’en ont dit les Saints et les Sages...

Je pense que le jeûne a pour but de purifier l’homme déchu et le rendre apte à recevoir Dieu en lui. Serait-ce la purification qui correspond au « Solve » et précède le « Coagula » des alchymistes ? Cela me rappelle un passage de Matthieu : « On ne met pas non plus du vin nouveau dans de vieilles outres » (ch.9). Voici la raison qu’il donne juste après : « sinon les outres éclatent!» Ce n’est pas là une mince affaire !

Je suis tout à fait d’accord avec le Fou du Roi : Le véritable jeûne ne peut être une simple privation de nourriture terrestre. Il serait d’ailleurs trompeur – voire dangereux – de le prétendre, ce qui reviendrait à nier artificiellement (et superficiellement !) les effets de la chute, les « fonctions naturelles indispensables au maintien de la vie incarnée, dont nul ne doit être fier ni avoir honte, étant passagères. » (MR XXIII-15). Car c’est bien connu : Qui fait l’ange, fait la bête !

Cependant, il semble que le jeûne tel qu’il est prôné notamment par certains courants mystiques de l’Islam dépasse de loin la simple privation de nourriture terrestre. Je sais qu’il existe de nombreux ouvrages à ce sujet ; je suis malheureusement dans l’incapacité de me les procurer pour l’instant, mais vous donnerai mon avis dès que possible.

Dans cet autre passage étonnant de l’Évangile, le jeûne semble avoir encore un sens différent : « Alors les disciples de Jean vinrent auprès de Jésus, et dirent: Pourquoi nous et les pharisiens jeûnons-nous, tandis que tes disciples ne jeûnent point? Jésus leur répondit: Les amis de l'époux peuvent-ils s'affliger pendant que l'époux est avec eux? Les jours viendront où l'époux leur sera enlevé, et alors ils jeûneront. » (Mt. ch 9)

Enfin, ce que disait un jour le Philosophe Emmanuel d’Hooghvorst semble être un bon résumé et est éclairant : « Dieu nous veut heureux. Il ne nous envoie pas d’épreuves. Ces dernières nous viennent du péché originel. Le côté douloureux, pénible, héroïque, au sens humain du mot, d’une certaine religion ne correspond pas à ce que doit être la vraie religion. Nous ne devons pas nous mortifier. La grâce de Dieu suffit. Les mortifications que certains s’imposent, nient la grâce. C’est une forme d’orgueil. Le jeûne du Christ dans le désert n’a rien à voir avec une semblable mortification. Le désert dans lequel il jeûne pendant 40 jours, est celui des lois et des rites, dont on ne sort qu’en arrivant au Sinaï. »

Mais voilà, comme je vous l’ai dit, je ne fais que répéter (comme un mauvais cuistre), tenter de synthétiser et de comprendre ce qu’ont dit les experts (au sens étymologique du terme !) de ce Mystère...

Tout ce que je puis donc vous souhaiter est de goûter à cette Vraie Communion, et en d'ici-là, de la rechercher « avec constance, persévérance, obstination, stupidité et délire » !

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#33

Ouille, je vois que j'ai une fois de plus été devancé par Mr. al-'Adam... Décidément!

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#35

Oups pour le surnom - autant pour moi, j'ai corrigé !

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#36

Votre question ;
Doit-on attendre que l’Ambroisie nous tombe du ciel comme la « Table servie » offerte à Marie (aS) ?

Me fait penser à la première question dans l'article aux néophytes sur le site :

Celui qui cherche la Vérité est en quête d’un mystère qu’il ne connaît pas encore. Selon les philosophes hermétiques, la Vérité est un don secret que la Divinité décide – ou non, d’octroyer à ceux qui la désirent.

Il existe aussi des hommes qui ne cherchent plus, mais qui possèdent. Ils ont en main le secret de l’homme et de Dieu et en laissent un témoignage à leurs contemporains ou aux générations futures. Le chercheur n’acquiert donc pas progressivement la Vérité par son étude, mais se trouve plutôt comme dans une salle d’attente. On doit lui ouvrir. Il lui est toutefois possible, même dans cette attente, de s’approcher d’une certaine manière de ce mystère. Comment ? En étudiant le témoignage de ceux qui l’ont véritablement rencontré, qui ont incarné ou hébergé ce Dieu. Si la lecture de ce témoignage n’équivaut nullement à la connaissance de Dieu, elle est bien loin d’être inutile. C’est un peu comme si l’on étudiait la description d’une personne qu’on ne connaîtrait pas et que l’on devrait aller chercher à la gare : on ne peut pas dire que l’étude nous fait connaître la personne, mais elle peut pour le moins nous donner l’espoir de plus en plus assuré de la reconnaître au moment où elle se présentera à nous.

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#38

Cher al-Murîda, cher Fou du Roi,
merci pour vos réponses bienveillantes !

al-Murîda a tout à fait compris le sens que j’attribue au jeûne lorsqu’elle cite ce magnifique verset des Evangiles. On dit exactement de la même manière dans le Taṣawwuf que le bol rempli ne peut pas recevoir le lait de la Connaissance.

Il est donc évident qu’il ne s’agit pas de renier les « effets de la chute ». Je vous renvoie à mon autre question (cf. www.arca-librairie.com/forum/neophytes/11-peche-originel ) sur la nécessité de « tenir à l’oeil » l’Ange et la bête …

Lorsque Jésus (aS) dit dans l’Evangile que vous citez « Les jours viendront où l'époux leur sera enlevé, et alors ils jeûneront », il me semble bien qu’il parle de notre condition actuelle d’exil loin de « l’époux » … Mais comment ne pas comprendre cet exil comme « une épreuve », non pas dans le sens d’une punition, mais bien de la condition de réalisation que nous impose ce fameux « Pêché originel » ? (je renvoie à nouveau à ma question sur ce sujet : www.arca-librairie.com/forum/neophytes/11-peche-originel )

Emmanuel d’Hooghvorst parle bien de l’effort « au sens humain du mot », qui n’est que « mortification » et orgueil niant la Grâce. Mais peut-on vraiment se passer de la Quête, de ce véritable « effort » qui nous oriente vers la Source de ces Grâces ? (Je parle ici de l'effort au sens premier du Jihâd, de cette « Grande Guerre » contre les instigations de notre âme bestiale qui nous voile à la Présence de Dieu)
Je veux dire que s’il suffit d’attendre sans effort, sans épreuve, pourquoi les Messagers nous auraient enjoints à nous mettre en route vers Lui ?
Pourquoi ne pas nous laisser dans nos conditions animales en attente de cette Grâce ?
Pour entrer dans cette fameuse « salle d’attente », ne doit-on pas prendre rendez-vous ? Ne doit-on pas prendre un ticket pour espérer avoir notre tour ?
C’est en tout cas ce que je comprends lorsque Jésus (aS) affirme « Je ne suis pas venu apporter la Paix mais l’Epée » (Mt 10) et que Muḥammad (sA) nous dit « Mourrez avant de mourir ! » …

Il ne s’agirait donc pas d’orgueil, mais au contraire d’humilité : ne pas croire que « l’époux » nous attend comme un dû, mais au contraire Lui faire la cour en espérant bénéficier de Ses faveurs, en agissant à la fois comme Marthe et comme Marie. Car si la seconde a choisi « la bonne part », n'est-ce pas la première qui l'accueille « dans sa maison » ? (Lc 10)

Cet « Art de la séparation » dont nous parlions plus haut se limite-t-il à faire des catégories mentales ou conceptuelles, ou s’agit-il de séparer le « pur » de l’« impur » à tous les étages entre la Bête et l’Ange, afin que soit faite la Volonté de Dieu « sur la terre comme au ciel » par l’effacement dans nos habitudes et notre comportement de tout ce qui n’est pas Lui ?

Il s’agit encore et toujours d’exil et d’oubli. Rûmî disait que certaines ombres dans le coeur ne disparaissaient pas avec les pratiques dévotionnelles, mais seulement avec la souffrance … Et Dieu sait s’il fût un « expert » en terme d’exil et de séparation …

Plutôt que de continuer à vous ennuyer avec mes pauvres certitudes, je laisse ce grand maître raconter une histoire issue de son Mesnevi (dont je recommande le compte-rendu sur ce site : www.arca-librairie.com/lus-pour-vous/isl...chel-1988-seuil-2003 ) qui me semble synthétiser magnifiquement les deux aspects dont nous parlons : son protagoniste passe en effet ses nuits à faire du Dhikr (la pratique d’invocation inlassable des Soufis) tout en mangeant des friandises !

Il y'avait un homme, qui chaque nuit, mangeait des friandises en invoquant le nom de Dieu. 
Un jour, Satan lui dit : "Ô homme sans dignité, tais-toi ! Jusqu'à quand répéteras-tu le nom de Dieu? Tu vois bien qu'il ne te répond pas !".
L'homme eut le coeur brisé par ces paroles et ce fut dans cet état d'esprit qu'il tomba dans le sommeil. Il fit alors un rêve et vit Elie qui lui disait :
"Pourquoi as-tu cessé de répéter le nom de Dieu ?"
L'homme répondit : "C'est parce que je n'ai eu aucune réponse et j'ai craint qu'il ne m'ait chassé de sa porte !"
Elie dit alors : "Dieu nous dit : "C'est parce que j'ai accepté ta prière que je continue à t'entretenir dans cette préoccupation".
Ta crainte et ton amour sont des prétextes pour entretenir ton intimité avec Dieu. Le seul fait que tu continues à prier t'annonce que tes prières sont acceptées.


Fi amâni-Llah !

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  • Pantout
  • Portrait de Pantout
#44

Oui, je crois que cela tombe du ciel comme la manne. Mais savoir la capter, semble être une autre affaire. On peut peut-être rencontrer un prêtre comme Melchisédek qui nous le donne tout préparé. En tout cas, cela doit pénétrer le sang et les os pour retrouver notre racine. Que cela doit être bon! Et tellement meilleur que de passer son temps à travailler pour finir par mourir ...
Vive le site Arca! Que le Seigneur nous lise, même s'il n'a pas ouvert un compte... Ne fût-ce que pour qu'il voie que nous sommes candidats.

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#75

Cher Pantout,
merci pour votre réponse. Je vous rejoins dans vos prières, Amen !
Que le Seigneur nous fasse profiter de Sa Science en descendant parmi les chercheurs de ce Forum pour lever nos voiles ténébreux !

Je vous renvoie également à notre autre discussion, sur la "Chute" et le "Pêché originel", tant il semble que les deux sujets sont définitivement liés.

je crois que cela tombe du ciel comme la manne. Mais savoir la capter, semble être une autre affaire.

N'est-ce pas justement cette « autre affaire » qui est tout le coeur de la Quête ? Ce « comment » ?
L'exemple de Melchisédek peut sembler bien loin de notre quotidien, mais Dieu ne nous aurait pas donné accès à d'autres « puits » accessibles dans notre existence ?

Je suis tombé hier (grâce à la Providence ?) sur ces passages d’Avicenne, non pas que je pense qu’il soit un « Philosophe » au sens vrai et noble du terme (bien que je ne me permettrais pas d’affirmer le contraire avec certitude) mais parce que j’ai trouvé que cela exposait de manière fort claire le point de vue que je défendais plus haut sur la nécessité de l’aspect « pratique », illustré par le jeûne.

Le postulant (murîd) a bien besoin d’exercices spirituels. Leur ensemble est orienté vers trois intentions : la première est d’écarter du choix de ce qui est moindre que la vérité. La seconde est de soumettre à l’âme pacifiée l’âme habituée à commander selon les passions (…) Et la troisième est d’adoucir l’intime pour concentrer l’attention (Avicenne, Ishârât)

Ce qui est particulièrement intéressant c'est l’illusion du rapport « donnant-donnant » qu’il évoque :
L’ascétisme, chez d’autres que le ‘ârif (le connaissant), est une sorte d’opération commerciale, comme si l’on achetait avec les biens de ce monde les biens de l’autre vie. Chez le ‘ârif c’est une abstention de ce qui distrairait de la vérité intime de son être, et un mépris de tout ce qui n’est pas la vérité. La piété, chez d’autres que le ‘ârif, est une certaine opération commerciale, comme si l’on agissait en cette vie pour un salaire à recevoir dans l’autre, salaire qui est la rétribution et la récompense. Mais chez le ‘ârif c’est un certain exercice destiné à retirer, par l’accoutumance, ses préoccupations, et les facultés estimatives et imaginatives de son âme, du voisinage de l’erreur, pour les mettre dans le voisinage de la vérité (Ibid.)

Avicenne met donc le « postulant » et le « connaissant » sur la même Voie pratique. Si le premier a besoin de poser ces actes pour se rapprocher du Vrai et pour entamer son cheminement, c’est bien la façon de faire, « l’Art » du second qui est véritable et qui oriente le « postulant » vers la juste Connaissance. Le postulant doit donc poser ces actes en attendant qu’il passe de la « dévotion » à la « Grâce » par la Volonté divine :
S’il franchit l’ascèse et atteint le don, l’intime de son être devient un miroir poli et se présente face au côté de la vérité (Ibid.)

Le plus révélateur est la façon dont Avicenne conclut ce passage en affirmant la nécessité de la Praxis :
Nous avons choisi d’en donner seulement un résumé, car la conversation ne les fait pas comprendre, les exprimer ne dévoile rien d’autre que le produit de l’imagination. Que quiconque aime à s’en informer en franchisse les degrés jusqu’à devenir l’un des intuitifs — l’intuition n’est pas un entretien — l’un de ceux qui arrivent à la source et non pas seulement de ceux qui écoutent la preuve (Ibid.)

Comme il le dit, « l’intuition n’est pas un entretien », autrement dit : recevoir la manne ne peut pas se faire par une instruction donnée ou une discussion. Il s’agit bien de la « goûter » concrètement …

Peut-on dès lors se contenter d’attendre ?

Je ne sais plus si saint Paul avait été cité dans l'article, mais il me semble tomber à pic :
Car le royaume de Dieu, ce n'est pas le manger et le boire, mais la justice, la paix et la joie, par le Saint-Esprit (Rom. 14:17)

Reste à comprendre ce que sont cette « justice », cette « paix » et cette « joie », mais surtout à prier pour qu’elles nous soient amenées par le Saint-Esprit !

Très fraternellement

Dernière édition: par ibn al-3adam.
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  • Pantout
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#76

Merci, cher Ibn al -3adam, pour tous ces magnifiques passages très instructifs.
Oui, je crois que la praxis est très nécessaire jusqu'au jour où nous ne ferons plus rien parce que le Seigneur fera tout lui-même en nous. Mais je crois aussi qu'en attendant; il faut aussi s'efforcer parfois de ne plus rien faire du tout, comme un collégien au début des vacances, qui s'ennuie jusqu'à ce qu'une nouvelle idée de jeu lui vienne. À ce moment, on se rend compte que la quête devient comme un besoin physique, impossible à chasser;

Pour en revenir au corps glorieux, je crois qu'il faut bien se dire, si j'ai bien compris, qu'il naît d'une partie corporelle. Notre squelette a un ensemble de 5 vertèbres humiliées, appelées sacrum. Cet endroit secret, qui nourrit d'habitude des bestiaux s'appelle une crèche. Ce fondement de l'homme est indestructible et souvent j'ai pensé que la cornucopia en avait la forme...
Allah seul sait, et il propose aux hommes des paraboles.

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#78

Cher Pantout,
Ces "os humiliés" dont vous parlez me rappellent le fameux Miserere mei (Psaume 50) : pensez-vous qu'il s'agit du même mystère ?

Auditui meo dabis gaudium et laetitiam
Et exultabunt ossa umiliata


Ce que vous dites à propos de de la crèche est vraiment très intéressant et éclairant! Merci pour ce commentaire passionnant! Mais alors, que faut-il faire pour qu’elle ne nourrisse plus seulement des bestiaux, mais aussi le petit enfant Jésus ? Est-il "simplement" nécessaire que la Vierge Marie reçoive la visite de l’ange Gabriel ?

Le Auditui meo semble être une allusion directe à la parole transmise à l’oreille de la Vierge... Quelle est cette joie, ce gaudium et laetitia ?

Le fait qu'une étoile vienne s'arrêter au-dessus de la crèche (Mt, 2, 9) n'est sans doute pas anodin non plus? Ou est-ce plutôt une conséquence de cela?

Le fait d’illuminer un lieu bas se retrouve dans plusieurs traditions aussi ; je pense notamment à ce poème dans le Cinquième Livre de Rabelais :

« O Dieu, père paterne, qui muas l’eau en vin,
Fais de mon cul lanterne, pour luire à mon voisin »

Ou, dans un registre un peu plus chic, ce célèbre aphorisme d’Emmanuel d’Hooghvorst :

« Sots qui pensez Dieu, allumez-le en vous ! »

Pour en revenir au corps glorieux qui naît d'une partie corporelle, il est dit un peu plus loin, dans ce même Miserere :

Cor mundum crea in me, Deus, et spiritum rectum innova in visceribus meis.

Bien que cela reste assez mystérieux – de fait, occulta sapientiae tuae manifestavisti mihi, est-il dit juste avant... – le Psalmiste fait clairement allusion à quelque chose que Dieu crée en nous, dans nos viscères !

Pardon, je vois que je dévie un peu du sujet initial de ce forum - même s'il s'agit sans doute du même mystère, en fin de compte...

Bien à vous,
al-mourida

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  • Pantout
  • Portrait de Pantout
#79

Chère Al-Mourida,

Oui, je crois bien qu'il s'agit du même mystère. On cite ces "ossa humiliata" dans le rituel de funérailles avant la mise au tombeau, et généralement on l'applique à tous les os du mort, qui vont se trouver dans l'humus. Mais je crois que le sens profond est qu'en nous, actuellement, ce sacrum est comme le Seigneur dans sa tombe.
Nous avons une pierre à la place du cœur, et il faut qu'un ange et des "Saintes Femmes" viennent pleurer pour rouler et dissoudre cette pierre pour en faire un cœur d'or. On voit ici, évidemment, le lien entre l'alchimie et le mystère de la résurrection glorieuse.

Votre remarque me paraît très pertinente; et je crois que les lecteurs croyants qui liront nos échanges verront que les grandes religions contiennent une GNOSE, une science, même si les autorités (notamment chrétiennes) nient cette gnose depuis presque 20 siècles. C'est une erreur énorme qui contredit d'ailleurs les paroles de Jésus-Christ lui-même. C'est aussi, me semble-t-il, ce qui fait le recul effrayant de l'adhésion à leur enseignement. Si d'innombrables gens vont chercher un vague ésotérisme dans le New Age etc. on ne doit pas tant les blâmer. Les grandes religions, au lieu de les critiquer, feraient mieux de leur offrir une science, ou au moins de leur montrer et d'avouer que leur enseignement en contient une. Mais à force de nier cela et de n'exiger de leurs ouailles qu'une foi (ou plus exactement une croyance) aveugle, ils ne feront que repousser ceux qui ont une soif (mal guidée, bien sûr) de connaître.

À mon humble avis, les grandes religions doivent au plus vite reconnaître cette erreur et cesser d'aboyer contre les chercheurs en niant la gnose, ou bien alors reculer encore plus devant les découvertes des sciences profanes en continuant à perdre ainsi toute crédibilité, voire toute existence.

Alors je reviens à votre question: "Mais alors, que faut-il faire pour qu’elle (la crèche) ne nourrisse plus seulement des bestiaux, mais aussi le petit enfant Jésus? Est-il "simplement" nécessaire que la Vierge Marie reçoive la visite de l’ange Gabriel ?".

Oui, je crois qu'il suffit de cela. Comment l'acquérir? En le demandant à l'Âme du Monde qui est magique et qui se trouve dans l'air que nous respirons. C'est ce qu'on appelait anciennement "la prière". Mais comme souvent, maintenant, on nie et diabolise cette science magnifique des Rois-Mages qu'est la MAGIE, on ne croit même plus qu'on puisse magiquement être écouté. Faut-il s'étonner, dès lors, que plus personne ne réalise ce mystère admirable de Marie, alors que tout le monde clame encore (Dieu merci!) qu'elle est le modèle du vrai chrétien, et "médiatrice de toutes les grâces".

Je vais dire, a contrario, une chose qui va choquer beaucoup de monde, et qui pourtant est une évidence: Celui qui n'imite pas Marie est un faux chrétien, tout simplement. Saint Clément d'Alexandrie a d'ailleurs donné une définition du chrétien: C'est celui qui A VU la lumière du Christ. Faites l'expérience de demander autour de vous quelle couleur cette lumière a, et vous serez informée sur le nombre exact de chrétiens dans le monde. N'allez pas ensuite vous rouler par terre de désespoir ...

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