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POIDS ET MESURE
- arca
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Je ne suis pas sûr de bien comprendre ce passage de Fulcanelli dans ses "Demeures philosophales" :
... Si les poids de l'Art sont connus par l'artiste et rigoureusement déterminés par lui, en revanche le poids de nature est toujours ignoré, même des plus grands maîtres. C'est là un mystère qui relève de Dieu seul et dont l'intelligence demeure inaccessible à l'homme.
L'Oeuvre débute et s'achève par les poids de l'Art [...] mais, entre ces extrémités, l'artiste n'a point à se servir de la balance, le poids de nature intervenant seul
J'ai du mal à comprendre ici la différence entre les deux poids (de nature et d'Art) ? Est-ce lié à la foi du charbonnier qui ne voit pas ce qui se passe dans l'athanor ?
C'est quoi cette nature toujours ignorée même des maîtres alors qu'ils connaissent les poids de l'Art ?
Merci
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- Le Fou du Roi
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Bonjour ARCA,
A propos du poids et de la mesure, voici ce qui a été dit dans la catégorie "Adages, devises, dictons, etc."
Je propose que l'on continue éventuellement la discussion à ce propos ici !?
Athanase Lynxe écrit: « Tu n'auras pas dans ta sacoche un poids et un poids, un grand et un petit. Tu n'auras pas dans ta maison une mesure et une mesure, une grande et une petite. » Quelqu'un aurait-il un commentaire à proposer ?
Pas vraiment malheureusement, mais pour blablater, en y réfléchissant, on a l'impression qu'il parle bien de deux choses contraires qui sont séparées (deux, binaire), qui devraient peut-être ne faire qu'Un ?
A propos du poids, on dit que le Soleil est si éclatant parce qu'il est extrêmement lourd, glorieux. Et pour la mesure, on sait, d'après Vaughan, que Midah, en hébreu signifie "mesure", mais aussi "qualité, vertu". Il dit aussi que la dernière Midah, Sephira est appelée Malkhout, le Royaume... qui a une certaine pesanteur aussi j'imagine !
Quoiqu'il en soit, on pourrait aussi chercher quelque chose dans les versets précédents, de la femme, qui se mêlant des affaires de son mari qui prend cher, et attrape son assaillant par les couilles, en perd la main...
Peut-être que les "parties honteuses" font référence au sexe, et que la femme ne peut pas y toucher sans y perdre sa main...
Ok je sors...
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- Jérémie
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Bonjour à vous
Je viens de rejoindre votre forum,
Passionné d'alchimie, j'étudie les textes anciens depuis de nombreuses années.
Si je peux tenter d'apporter quelques éclaircies concernant ces notions de Poids,
et ainsi répondre aux questions de Arca.
Voici ce que je propose :
Non pas que le Poids de Nature soit une cachotterie, une ignorance, quelque chose à "savoir" !
Quand bien même l'artiste en aurait connaissance, il ne pourrait s'y employer, car cela ne le concerne pas, mais n'appartient qu'à l'œuvre naturante de Nature.
L'artiste sera simplement tenu de savoir gouverner les régimes de son feu durant la coction sans autres interventions de sa part.
La matière évoluant par la juste action du feu, la Nature donnera naturellement le juste Poids.
La balance et la foi du charbonnier y seront inutiles. ^^
Le Poids de l'Art concerne quant à lui une proportion qui servira d'équilibre, d'harmonie à la bonne conjonction de départ, en pré-œuvre.
On peut la voir représentée sur certaines gravures par une balance dont un des plateau est plus bas que l'autre, indiquant ainsi une proportion à respecter.
Effectivement ce Poids là, c'est à l'artiste d'en avoir connaissance par l'étude, l'observation et ensuite le mettre en œuvre manuellement.
Cordialement,
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- arca
- Auteur du sujet
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- Messages : 185
Salut à toi Jérémie,
Bienvenu sur le forum et merci pour ta réponse Je pense y voir un peu plus clair. Mais pourquoi dis-tu que la foi du charbonnier et la balance ne serviront à rien. Cette foi du charbonnier n'est-elle pas justement la régulation du feu sans voir ce qui se passe dans la tour ?
Je crois comprendre ce que tu dis et t en remercie, et j'aurais tendance à croire qu'une fois la matière reçue et la première conjonction réalisée, nous sommes aveugles, jusqu'à ce que la chose devienne entièrement claire (la pleine lune qui reflète le soleil clairement). Et, par là, qu'en fin de compte, le poids de l'art ou de la Parole ferait que l'expérience qui aura eue lieu dans l'athanor deviendra de plus en plus évidente.
Cela me fait penser au passage de Jacob au gué du Yabok qui passait et repassait le fleuve pour aller chercher une brebis égarée et se remémorait chaque fois un peu plus son expérience... je dis ça peut-être à tort, évidemment, mais cela m'y a fait penser
Je coupe peut-être les cheveux en 4. Prions pour que tout nous devienne clair un jour. En attendant, tournons autour du pot de miel, c'est déjà çà
Merci en tout cas d'avoir proposé ces quelques pistes Jérémie.
A vous lire...
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- Jérémie
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Bonsoir Arca,
Merci pour votre accueil !
Afin d'être plus clair, je disais que la foi du charbonnier et la balance ne serviront à rien, car ce qui ressort de l'étude des textes est que l'Œuvre (la Coction) se déroule en vase clos au ballon, soit avec une totale visibilité.
La foi n'est alors pas indispensable, c'est un feu extérieur idoine qui activera le feu interne, avec un contrôle visuel possible sur l'évolution de la matière.
Sans quoi, les nombreux auteurs n'auraient pu autant insister sur la succession des couleurs, aspects, et textures que prend la matière au cours de la cuisson.
Par contre, il semblerait que le début (ou pré-œuvre) fasse intervenir le creuset pour la réalisation de la première conjonction, bien qu'il s'agisse là d'une opération relativement brève, elle demanderait un "feu violent".
C'est ici que le Poids de l'Art entre en jeu, de la juste proportion à donner aux 2 acteurs à conjoindre (mâle & femelle) qui donneront ensuite la première matière.
Je ne parle là que dans le cadre de la voie ancienne, et non de certaines voies plus modernes.
en espérant avoir été plus explicite
Cordialement,
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- Le Fou du Roi
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Salut Jérémie,
Il ne s'agit probablement que d'une question de vocabulaire et sans vouloir couper les cheveux en 4, voici de manière succincte, quelques pistes de réflexions quant à aux idées soulevées par ARCA et vous-même.
Si j'ai bien compris les textes anciens et leurs commentaires, il faut de toute évidence que nous recevions quelque chose de précis et matériel avant de pouvoir opérer. Qu'on l'appelle la matière première, le don de Dieu, la bénédiction, la visite de l'Adepte ou de l'ange Gabriel, le miroir des alchimistes (noir d'abord et à polir ou rendre transparent) ou encore la Torah, la Tardemah ou séparation d Eve d'Adam afin de les remettre en état de créer : tous ces termes font référence à un expérience précise, toujours la même, dans toutes traditions. Expérience que nous ne comprendrons qu'en ayant vécu cette mort initiatique. Tout le reste n'est que jeu d'aveugles que nous sommes et rares sont ceux qui peuvent en parler en véritables témoins (un ou deux par génération nous enseigne Cattiaux)
Il semblerait que lors de cette expérience, le désormais disciple voit, en un bref éclair blanc et de toute clarté, qui illumine l'union du ciel et de la terre (du mercure et du soufre, donc le sel qui se dépose sur le rivage), résultat de l'union de ces deux parties qui doivent se purifier, ou se cuire en lente cuisson (Eve et Adam, Haut et bas, Jésus et le Jésus Barrabas, etc. etc.). Une fois cette chose aperçue, le disciple est replongé dans les ténèbres et ne voit plus la belle.
A ce moment-là, la tradition nous enseigne que le disciple a reçu la foi (de spica, l'épis de blé qui sort de terre, on a VU), cette foi est aussi l'anneau des fiançailles, une matière qui atteste que l'expérience est bien réelle et physique, la bénédiction ou réception du don (la cabale), mais pas celle de Madonna . Ensuite, commence la foi du charbonnier, la matière cuit de manière naturelle (le sage connaît tout par croissance naturelle dit Pindare, mais TOUT c'est bien l'union du ciel et de la terre, le KOL de hébreux) et le disciple a de temps en temps la grâce de revoir la belle mais il est encore loin d'être marié à elle et de se trouver dans son lit à faire l'amour de manière perpétuelle !
Je dirais donc, d'après mon petit schéma et montage intellectuel qui s'effondrera probablement si un jour j'ai la chance de vivre et connaître ce dont on parle, que nous sommes pour l'instant tout à fait aveugles (mal incarnés, Eve et Adam sont dos à dos), qu'un expérience doit avoir lieu pour qu'ils se séparent, Eve doit brûler et monter en fumée noire, c'est une expérience terrible (vous parlez justement de feu violent (rôtir n'est pas cuire). Oeuvre au noir qui doit aboutir au règne de Saturne. Cette fumée monte rejoindre son origine libre et pure pour ensuite redescendre afin de purifier la partie basse et s'unir à elle petit à petit et recommencer (Oeuvre au blanc, Solve et coagula, aigle de Prométhée...). Pour aboutir au sens pur et transmettre (l'oeuvre au rouge)
Donc, le début de la cuisson se fait de manière tout à fait aveugle, après avoir vu et puis plus rien, ensuite, on revoit petit à petit de manière de plus en plus fixe pour voir finalement entièrement (la pleine lune, qui nous permet de voir le Soleil, la Vierge Marie qui devient transparente et nous permet de voir le Christ de plus en plus). Il est évident qu'une fois que l'œuvre et l'art sont accomplis, que l'Adepte sache précisément ce qu'il s'est passé, mais pendant que cela se passe, c'est une toute autre histoire !
Bon j'espère que mon petit crachat de confiture aura pu aider un peu.
Salut !
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- Jérémie
- en ligne
- Messages : 3
Bonsoir Le Fou du Roi
Merci pour votre réponse,
Pour ma part il y a à comprendre et ensuite peut-être recevoir ^^ je vois le Don de Dieu comme un déclic !
Une compréhension qui nous donnera la clé de la première matière car l'alchimie pousse l'alchimiste à se poser des questions et changer ses angles de vue.
Après, cela concerne chacun.
De ce que j'ai compris : le début de la Coction > la putréfaction ou l'œuvre au noir se passe de manière douce :
Il ne faut pas dissoudre le corps, que ce soit par un feu vulgaire, ou une eau-forte, mais lui permettre d'ouvrir ses pores afin qu'il libère son mercure, mercure qui se présente sous sa première forme comme une vapeur (un gaz) comme l'ont spécifié les anciens auteurs, il est alors à ce moment "invisible" à nos yeux (voir Le Cosmopolite)
Les auteurs ont souvent mis en garde de ne pas détruire le corps mais d'en extraire sa semence, son mercure, qui à lui seul sert à l'artiste, rien ne s'y soustrait rien ne s'y ajoute.
Donc on travaillera sur un corps, une matière dite vivante contenant un sperme vivant.
Cette matière la Prima Materia (voir Maïer) c'est celle que l'artiste doit préparer en amont et qui demanderait un "feu violent" pour l’union des 2 sujets, on se situe là en pré-œuvre avant la putréfaction et non à l'œuvre au noir du début de la Coction, c'est la première conjonction dont les auteurs sont restés envieux.
La deuxième, comme vous l'avez bien mentionnée se situe durant la coction mariage de mercure et soufre, haut & bas etc...
Je ne suis pas sûr de vous avoir bien compris.
Il semble dans vos derniers paragraphes que le terme d'aveuglement ne désigne pas la vue physique, mais d'un aveuglement à certaines réalités de ce monde, du moins on peut l'entendre à ce second degrés.
D'un aveuglement par manque de connaissances, et non par manque de visibilité physique.
Je partais du constat que la voie de la Pierre, par la Coction se déroule au ballon donc avec vue au travers du verre, de la putréfaction à l'œuvre au rouge.
Que les auteurs ont aisément su nous parler de l'évolution de la matière, de ses différentes couleurs, qualités, textures, et certains sans analogies, en langage clair .
De même il serait impossible de faire voler les Aigles, d'obtenir des cycles des sublimation/condensation dans un creuset à haute température.
Donc, je ne suis pas sûr que le début de l'œuvre soit tout à fait aveugle.
Je crois mieux comprendre de quoi vous voulez parler :
> Du fait que la putréfaction doit se dérouler dans le noir à l'abri de la lumière !
Et c'est très juste en effet, j'ai compris qu'il ne faut pas exposer le vaisseau à la lumière solaire, à cause de sa qualité spécifiante, ce qui pourrait gâcher la future évolution.
j'émets cependant l'hypothèse qu'il soit possible d'effectuer des contrôles visuels à la lueur d'une bougie, par exemple.
Peut-être parlez-vous d'une branche plus moderne d'auteurs qui évoquent une voie entièrement au creuset, avec ajout d'Au comme ferment, dans laquelle l'opérateur n'a aucun visu sur l'intérieur, sur l'évolution de sa matière, et ainsi on parle d'une foi, d'une relation de l'opérateur à sa matière.
Je ne m'y suis pas trop intéressé, restant sur l'étude des anciens et l'utilisation de l'Or des Sages comme ferment à la maturation de la future Pierre. Je trouve cela bien plus excitant ^^
Cordialement,
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- Herr Tripa
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- Messages : 60
Bonjour à tous, et merci pour cette discussion passionnante !
Je me permets d'intervenir parce que je lis que Jérémie nous écrit qu'il voit "le don de Dieu comme un déclic" et je me sens responsable de transmettre l'enseignement de mes maîtres Louis Cattiaux et Emmanuel d'Hooghvorst à ce sujet. Si l'on a parfois dans la Quête des déclics qui peuvent être des dons de Dieu, Cattiaux et EH ont beaucoup insisté sur le fait que LE DON DE DIEU était une opération concrète et très réelle, précédée par une véritable mort (ceux qui le nieraient prouveraient qu'ils ne l'ont pas vécue), la mort initiatique. Le bienheureux qui en bénéficie reçoit réellement quelque chose, une matière, et quand il se réveille de ce songe, cette matière se trouve bien physiquement sur sa table de nuit.
Les auteurs sont souvent obscurs à ce sujet dans leurs écrits, et nous avons l'immense chance d'avoir bénéficié des enseignement oraux de Cattiaux et EH, très proches de nous dans le temps (EH a quitté ce monde en 1999), qui nous ont rappelé à quel point cette expérience était réelle.
Peut-être que certaines des "divergences" évoquées ensuite par Jérémie viennent du fait que le Fou du Roi nous parle ensuite de ce qui se passe dans l'homme, tandis que Jérémie parle de ce que l'alchimiste réalise dans son laboratoire. J'ai cru comprendre de l'enseignement d'Emmanuel d'Hooghvorst que l'un et l'autre étaient très proche, et qu'il fallait avoir été d'abord transformé soi-même, avant de pouvoir réalisé la même chose dans la nature.
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- Pantout
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J'admire beaucoup vos interventions. La proximité et la matérialité de ce don de Dieu doit énormément nous encourager à continuer à chercher. La rareté de ce don vient peut-être aussi du si petit nombre de candidats réels qui croient sincèrement qu'en frappant à la porte de Dieu, il nous sera ouvert. S'il y en avait beaucoup, on serait peut-être étonné de voir combien Dieu aime accorder ce don... en quantité aussi !
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