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Islam et Alchymie
- ibn al-3adam
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Chers sœurs et frères de la Quête, que la Paix soit sur vous !
Je suis tombé sur cette anecdote assez amusante. Je me suis dit qu’elle intéresserait certainement les chercheurs de ce site, et j'espère qu’ils pourront nous gratifier de leurs commentaires et de leur éclairage sur son caractère symbolique et le sens profond qu'elle recèle.
Ce récit est tiré de la biographie d’Abû-l-Hasan al-Shâdhilî (m. 1258), l’un des grands pôles du Taṣawwuf :
Selon le narrateur, et je l’ai souvent entendu parler de cela, le Cheikh Abû-l-Hasan — qu’Allah soit satisfait de lui — raconta :
« Au début de ma carrière, j’avais la volonté de continuer à étudier la science de l’alchimie, et faisais une demande à Allah à ce propos. On me dit :
– L’alchimie est dans ton urine, mets-y ce que tu veux et cela deviendra ce que tu désires.
Je chauffai une pioche et, en l’éteignant de cette façon, elle devint de l’or.
A cet instant, ma présence d’esprit me revint et je m’exclamai :
– Ô mon Seigneur, je te demandais une certaine chose, mais l’obtenais uniquement par l’utilisation de moyens impurs. Or, l’utilisation de moyens impurs est illégale.
On me dit :
– Ô ‘Alî , le monde est une saleté toute entière, et si tu le désires, tu n’obtiendras rien si ce n’est par la saleté.
– Ô mon Seigneur, délivre-moi en !
– Chauffe la pioche et elle redeviendra du fer, me dit-on alors.
Je la chauffai et elle devint du fer ».
Guénon (qui était un disciple de la Tarîqa de Abû-l-Hasan al-Shâdhilî) rapporte au ch. XLI de son Aperçus sur l’initiation, une autre anecdote à son sujet :
« on raconte que Seyidi Abul-Hassan Esh-Shâdhili, durant son séjour à Alexandrie, transmua en or, à la demande du sultan d’Egypte qui en avait alors un urgent besoin, une grande quantité de métaux vulgaires ; mais il le fit sans avoir recours à aucune opération d’alchimie matérielle ni à aucun moyen d’ordre psychique, et uniquement par l’effet de sa barakah ou influence spirituelle »
Dans un autre chapitre du livre (XXII), il donne peut-être une clé pour comprendre cela :
« celui qui a pénétré certaines sciences traditionnelles dans leur essence profonde se désintéresse aussi entièrement de leur application et n’en fait jamais aucun usage ; la connaissance pure lui suffit, et elle est véritablement la seule chose qui importe, tout le reste n’étant que simples contingences. »
D’ailleurs, le fait que dans le premier récit ci-dessus le Seigneur s’adresse au maître en l’appelant « ’Alî » plutôt qu'« Abû-l-Ḥasan », qui est la façon habituelle dont on le prénomme, n’est certainement pas innocent. Guénon rapporte, toujours dans le ch. XLI de son Aperçus sur l’initiation, que ‘Alî (rA) — le gendre du Prophète (sA) — est justement considéré comme un alchymiste :
« Seyidnâ Ali avait, dit-on, une connaissance parfaite de l’alchimie sous tous ses aspects, y compris ceux qui se rapportent à la production d’effets extérieurs tels que les transmutations métalliques, mais il se refusa toujours à en faire le moindre usage ».
J’espère que ces quelques éléments intéresseront les chercheurs qui se penchent particulièrement sur l’Alchymie, et que cela sera l’occasion de lancer ici de fertiles échanges sur les rapports entre Islam et Alchimie, inshaAllah !
Que Dieu vous garde et vous guide vers Lui !
Fi amâni-Llah !
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- ibn al-3adam
- Auteur du sujet
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- Messages : 42
Petit clin d'œil en passant :
selon la tradition, c'est Sidi al-Shâdhilî qui aurait découvert le café !
Et il semble bien qu'historiquement ce soient des disciples de sa Tarîqa qui ont les premiers pratiqué la torréfaction et bu le café tel que nous le connaissons aujourd'hui ...
(cf. ce passionnant article en Anglais :
www.superluminal.com/cookbook/essay_coffee.html
)
Le café serait-il une forme d'Ambroisie transmise par ce saint ?
Ça a tout l'air d'une "œuvre au noir" en tout cas ...
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- Athanase Lynxe
- en ligne
- Messages : 212
ibn al-3adam écrit: Le café serait-il une forme d'Ambroisie transmise par ce saint ?
J'ai écouté, il y a quelques années, la Koffiekantate de Jean-Sébastien Bach; je ne me souviens plus du texte. On dit que c'est une cantate profane, mais il vaudrait peut-être la peine de vérifier s'il n'y a pas un peu plus “derrière cela”, mais peut-être pas...
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- ibn al-3adam
- Auteur du sujet
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- Messages : 42
Très cher Athanase Lynxe,
je trouvais surtout frappant de constater que ce que l'on consomme avec insouciance dans notre quotidien provient souvent d'une véritable Science : Café, vin, tabac, mais aussi musique, danse etc. sont aujourd'hui des "produits" que les gens absorbent avec avidité, alors qu'ils possèdent de véritables propriétés magiques permettant de nous relier au Ciel ...
C'est à mes yeux un signe évident de l'abrutissement progressif de notre condition ...
Le Seigneur nous a gâté d'outils et de Ses Signes, mais nous ne faisons que "jouer" avec ou nous en empiffrer ...
Peut-être que Bach avait conscience du caractère magique de cette boisson ? Mais, comme vous dites, peut-être pas ...
Que Dieu vous garde,
très cordialement
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- Le Fou du Roi
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- Messages : 280
C'est pour ça que quand je mange un Mars, je fais toujours très attention !
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- Pantout
- en ligne
- Messages : 156
L'alchymie a permis à de nombreux sages de commenter la Sainte Écriture sans passer pour hérétiques. EH le disait souvent: ces alchymistes sont très savants en Écriture, mais cela ne se voit pas à première vue.
Cela n'empêche que le sens profond de l'Écriture est alchymique. Voilà pourquoi les religions se servent presque toujours de substances tangibles comme l'eau, le feu, le bois, le vin, etc. Car il est possible de toucher le corps de Dieu avec nos sens. En ce sens-là, les alchimistes arabes ont été d'un génie extraordinaire, et les "filiations" que nous observons entre tous ces textes qui passent régulièrement de l'Orient à l'Ocident et vice versa, témoignent tous de ce secret si jalousement gardé, qui, paraît-il, est si simple. En bref, celui qui assiste au miracle du Grand Oeuvre, assiste à la Création.
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