Les fêtes chrétiennes - Saint Nicolas

Bonjour à tous,

En cette veille du 6 décembre, fête de Saint Nicolas, je me dis qu'on pourrait lancer une discussion sur le symbolisme des fêtes chrétiennes.

Voici le conte de Saint Nicolas:

Complainte de saint Nicolas
recueilli par Gérard de Nerval (1842)

Il était trois petits enfants
Qui s'en allaient glaner aux champs.
S'en vont au soir chez un boucher.
« Boucher, voudrais-tu nous loger ?
Entrez, entrez, petits enfants,
Il y a de la place assurément.»
Ils n'étaient pas sitôt entrés,
Que le boucher les a tués,
Les a coupés en petits morceaux,
Mis au saloir comme pourceaux.
Saint Nicolas au bout d'sept ans,
Saint Nicolas vint dans ce champ.
Il s'en alla chez le boucher :
« Boucher, voudrais-tu me loger ? »
« Entrez, entrez, saint Nicolas,
Il y a d'la place, il n'en manque pas. »
Il n'était pas sitôt entré,
Qu'il a demandé à souper.
« Voulez-vous un morceau d'jambon ?
Je n'en veux pas, il n'est pas bon.
Voulez vous un morceau de veau ?
Je n'en veux pas, il n'est pas beau !
Du p'tit salé je veux avoir,
Qu'il y a sept ans qu'est dans l'saloir.
Quand le boucher entendit cela,
Hors de sa porte il s'enfuya.
« Boucher, boucher, ne t'enfuis pas,
Repens-toi, Dieu te pardonn'ra. »
Saint Nicolas posa trois doigts.
Dessus le bord de ce saloir :
Le premier dit: « J'ai bien dormi ! »
Le second dit: « Et moi aussi ! »
Et le troisième répondit :
« Je croyais être en paradis ! »

Il y a trois enfants. Que représente ces trois doigts? Et c'est au bout de sept ans que Saint Nicolas vient, pourquoi sept?
Saint Nicolas passe par les cheminées pour apporter des bonbons dans les petits souliers des enfants sages. Au fait, est-ce que l'âne de Saint-Nicolas passe aussi par la cheminée?

GÉNIAL!! Merci Heunayro!
Je n avais jamais entendu cette histoire! J ai hâte de savoir ce que tout ca veut bien dire...
Bonne Saint Nicolas!

Bravo pour ce sujet passionnant, excellente idée, moi aussi je souhaiterais avoir des explications !

Pour commencer je ne peux m’empêcher de citer quelques extraits de cet ouvrage dans lequel on trouve (presque) toutes les explications : Le Fil de Pénélope de EH (éditions Beya n° 10) !!

A propos du nombre 7 :

Thèbes avait sept portes et ces portes étaient d’électrum. Sept étant le nombre de l’Âme du monde, ou Âme créatrice, on se doutera bien que ces sept portes n’en étaient qu’une seule dont le mystérieux électrum était le plus bel ornement. (p.77)

Le nombre sept, comme nous l’avons déjà proposé, signe l’action créatrice de l’âme du monde. (III. LE DEVIN TIRÉSIAS, L’AVEUGLE, p. 78-80)

Le nombre sept qui compte ces troupeaux est une allusion à l’âme universelle, aux sept planètes tournant autour du monde et dont la lumière l’entretient. Le grand nombre de vaches et de brebis indique la multiplicité des astres et notamment, de la voie lactée... Le poète a donc voulu déguiser ici ce feu éthéréen, nourriture de ce bas monde, le prana des orientaux. C’est une pensée intelligente et ignée qui, comme Ulysse, cherche la terre où s’incarner. Les hommes en vivent sans lui offrir le logis où cette âme lumineuse, en prenant corps, nourrira l’âge d’or. (p. 96)

Riquet à la Houppe : Au bout de sept ou huit ans, la reine d’un royaume voisin accoucha de deux filles. (p. 175)
Admirons aussi l’allusion au nombre sept. D’un premier temps mesuré par sept naquit cet Hué ; c’est le nombre de l’âme du monde. De même, toute création liant son monde naquit d’une semaine magique, comme l’a si bien montré le sage Moïse*.
*On remarquera l’indication volontairement imprécise : « au bout de sept ou huit ans ». L’histoire racontée se passe à une époque indéterminée et cette imprécision temporelle est conforme au style du conteur. Si le nombre sept marque le temps de la création et se rapporte à l’âme du monde, le nombre huit se rapporte au Messie qui apparaît, selon la Tradition, le huitième jour.

A propos de La Barbe Bleu : Ces femmes épousées, égorgées, attachées le long des murs et mortes, combien étaient-elles ? Le conte ne le dit pas, mais nous pouvons, sans crainte de nous tromper, leur attribuer le nombre six, car tel est le nombre de cette création imparfaite et passagère qui n’a pas reçu l’âme du sabbat, du septième jour. (p. 198)

Le Sabbat, vient de l’hébreu Chabbat (שבת) et signifie « repos », spécialement le repos du septième jour, et la cérémonie familiale à laquelle il a donné lieu dans le judaïsme est appelé Kabbalat Chabbat (קבלת שבת) ou « Don du Chabbat ». (p. 206)

La lettre ז (zayin) la septième lettre de l’alphabet. Sa valeur numérique est 7.
Le mot hébreu Zayin signifie une arme, et la forme de cette lettre évoque une épée ou un poignard. En argot israélien, le mot zayin désigne le sexe masculin. (wikipédia) !

Donc pour ces trois enfants Saint Nicolas est venu leur apporter le vrai sucre sacré qui les a réveillés de leur création imparfaite.

Ils étaient trois : peut-être le corps, l’âme et l’esprit ?

Et la cheminée ce ne serait pas la colonne vertébrale ? Peut-être comme les anges sur l’échelle de Jacob qui montaient et descendaient ? lls montaient d’abord (du sacrum) ? … (Genèse XXVIII, 12 à 15)