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"Pardonne-nous nos offenses"
- JeannotLapin
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Chers tous,
Je propose ici un nouveau sujet de réflexion.
Dans le Notre Père des chrétiens, on Lui demande de nous pardonner nos offenses.
En grec, le terme est différent : ta opheilèmata signifie "ce que l'on doit", traduit en latin par "debita", (choses dues = dette).
De même, "aphes" traduit par "pardonne" signifie plus précisément "ôte", rendu en latin par "dimitte" (renvoie).
Ainsi, ma question est toute simple : quelle est cette dette, quelle en est sa nature ?
Quelques éléments de réponse qui me viennent à l'esprit :
- "dette" se dit "schuld" en allemand : ce mot signifie aussi "faute, culpabilité"
- chez les Romains, aux premiers temps de leur histoire, celui qui ne réglait pas sa dette tombait en esclavage, il devenait l'esclave de son créditeur.
- Rédemption signifie précisément "rachat" : Notre Seigneur doit nous racheter, mais à qui ? Au Prince de ce monde, sous la croupe duquel nous gémissons.
D'où ma question : qu'avons-nous emprunté au Prince de ce monde que nous devions rembourser ?
Bonne journée à tous
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- Le Fou du Roi
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Génial comme sujet !
Quelques éléments :
MR de Louis Cattiaux : Livre 16, verset 54
54 Ne craignons pas d'être comme des solliciteurs acharnés et comme des mendiants importuns devant le Seigneur, car il n'accorde ses trésors qu'à ceux qui l'en prient avec humilité, avec persévérance et avec amour. 54' Nous sommes cousus de dettes devant le Très-Haut, mais nous lui demandons toujours plus, afin d'éprouver sa générosité sans borne et afin d'approfondir son amour sans fond.
Je me souviens aussi avoir entendu demander ce qu'on nous serions prêts à donner à Dieu, au lieu de ce que nous lui demandons. Peut-être y a-t-il un lien entre cela et notre rachat ? Je ne sais pas si cela a quelque chose à voir avec notre business mais j'aime bien alors je le mets :
[d’Hooghvorst, C., Le Livre d’Adam, Beya, 2008, p. 131]
1 – La racine hébraïque du mot « riche » provient du verbe r#( (achor) qui signifie « avoir l’abondance » ; quant au mot « pauvre », il procède du verbe hn( (anoh) qui signifie « répondre », « exaucer une prière », « annoncer ». Le riche est comme le ciel, sans lequel la terre du pauvre ne peut rien produire ; mais sans la terre, le ciel ne peut se manifester. C’est l’abondance du ciel qui fait fructifier la terre.
... à creuser !!!
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- Le Fou du Roi
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Assez sympa aussi sur le thème. Je copie ça encore une fois de chez notre ami MLL !
www.hemmelel.fr/blog/2015/11/19/pourquoi-judas-iscariote/
L’étymologie du nom de Judas Iscariote devrait faire partie de la culture générale en France.
Judas, vient de Juda, fils de Jacob, dont le nom YHWDH est formé sur le Tétragramme, YHWH, béni soit-Il. Si Judas vend Jésus pour trente deniers, devenant ainsi l’archétype du traître et l’origine des préjugés péjoratifs sur le “judaïsme” et les Juifs, c’est que Juda est responsable de “Joseph vendu par ses frères”.
Matthieu 26, 14-16 : « Alors l’un des douze, appelé Judas Iscariote, s’en alla vers les principaux sacrificateurs, et dit : Que voulez-vous me donner, et moi, je vous le livrerai ? Et ils lui comptèrent trente pièces d’argent. Et dès lors, il cherchait une bonne occasion pour le livrer. »
Genèse 37, 26-27 : « Alors Juda dit à ses frères: Que gagnerons-nous à tuer notre frère et à cacher son sang ? Venez, vendons-le aux Ismaélites, et ne mettons pas la main sur lui, car il est notre frère, notre chair. Et ses frères l’écoutèrent. »
Quant au nom d’Iscariote, il est formé sur celui d’Issachar (יש-שכר, YSSKR), fils de Jacob et de Léah, qui veut dire d’un côté “Homme du salaire”, de l’autre “Il y a une récompense” (יש שכר, YS SKR, Yesh Sakar). Son nom est donné par sa mère Léah, à la suite de l’affaire des mandragores.
Genèse, 30, 18 : Et Léa dit: Dieu m’a donné mon salaire (שְׂכָרִי, SKRY, Sekari), parce que j’ai donné ma servante à mon mari. Et elle appela son nom Issacar (יִשָּׂשכָר, YSSKR, Yisaskar).
SKR, Sakar (qui vaut 52, 21+11+20), peut être un “salaire”, une contrepartie matérielle, ou une “récompense”, une contrepartie immatérielle.
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- MLL
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Sur les mandragores, lire www.hemmelel.fr/blog/2011/11/28/14-il-y-a-une-recompense/
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- JeannotLapin
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Merci cher Fou pour ces détails supplémentaires !
J'ai cité la version de Saint Mathieu (opheilèmata) mais il faut noter que Saint Luc utilise le mot hamartias (= erreur, faute).
Le verbe hamartanô désigne précisément l'action de manquer le but, d'où : se tromper, s'égarer, mais aussi perdre, être privé de, fauter.
Pour continuer l'étude de notre "dette", j'ai aussi ceci dans mes notes :
Isidore de Séville donne ceci comme étymologie pour le terme "damné, condamné" :
Damnatus : iam addictus est. (X, 80) : damné = celui qui a déjà été adjugé.
En effet, le Gaffiot donne pour sens du verbe addicere : adjuger, notamment la personne du débiteur au créancier.
Un addictus, c'est un exclave pour dette. Aujourd'hui, un "addict" ,c'est un esclave de sa drogue.
Je reprends donc ma question initiale : de quelle créance, de quelles dettes (pour reprendre le M+R) sommes-nous redevables ?
Bonne soirée !
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- Le Fou du Roi
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Dans l'ordre des catégories de l'existence individuelle, c'est le temps qui manifeste la Rigueur ; consumant ce monde-ci et les êtres qui s'y trouvent, il leur rappelle leur "dette" envers le Principe d'existence. La totalité du temps, son cycle complet, est le "jour [du payement] de la dette" (yawm ad-dîn), ce qui signifie également "le jour de la religion", car la religion est comme la reconnaissance d'une dette. (note : C'est là également un des sens du terme latin religio). La même expression signifie aussi le "jour du jugement", qui n'est autre que la réintégration finale du cycle temporel dans l'intemporel.
Burckhardt "Introduction aux doctrines ésotériques de l'Islam"
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- Le Fou du Roi
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J'ai assisté à un baptême orthodoxe ce weekend. Et voici que justement, j'ai pu entendre leur version et effectivement ->
Leur notre Père parle d'une DETTE, plutôt qu'une OFFENSE !
Notre Père qui es aux cieux,
Que ton Nom soit sanctifié,
Que ton Règne vienne,
Que ta volonté soit faite,
Sur la terre comme au ciel.
Donne nous aujourd'hui notre pain de chaque jour.
Remets-nous nos dettes comme nous les remettons nous aussi à nos débiteurs,
Et ne nous laisse pas succomber à la tentation, mais délivre-nous du Malin.
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- Athanase Lynxe
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Le Fou du Roi écrit: La religion est comme la reconnaissance d'une dette. (note : C'est là également un des sens du terme latin religio.) [...]
Burckhardt “Introduction aux doctrines ésotériques de l'Islam”
J'ai du mal à retrouver ce sens de «dette» pour religio...
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- Le Fou du Roi
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Oui effectivement ! Peut-être est-ce une étymologie propre au mot religion dans l'Islam !?
Mais il parle bien du mot latin... curieux !
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- JeannotLapin
- Auteur du sujet
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En lisant Les voies du Yoga de Tara Michaël (exceptionnel), je tombe sur l'explication suivante (p.145 et sq.) :
"De quelle façon peut-on dire qu'un homme n'est pas libre, qu'il est lié par des obligations ? Pour l'Inde ancienne, tout homme à sa naissance, du fait même qu'il accepte le don de la condition humaine, contracte une triple dette :
1. La dette envers les dieux (deva-rna), c'est-à-dire envers les forces cosmiques qui fournissent à l'individu l'environnement naturel, la terre, l'air, les eaux, etc, et son propre corps.
2. La dette envers les ancêtres (pitr-rna) : proches et lointains, les ancêtres fournissent la spécificité de l'espèce humaine, véhiculée au moyen de la semence.
3. La dette envers les sages (rshi-rna) : sages, maîtres spirituels, inspirés, ils ont communiqué la civilisation, la connaissance des valeurs supérieures, et sans eux l'existence humaine ne serait qu'animalité et barbarie.
Avant de chercher quoi que ce soit pour lui-même, l'homme doit d'abord rembourser ces trois dettes...
1. Offrir des sacrifices selon sa capacité, pour s'acquitter de sa dette envers les dieux...
2. Engendrer un enfant...en prolongeant ainsi la lignée on s'acquitte de sa dette envers les ancêtres...
3. Étudier le Veda...on s'acquitte ainsi de sa dette envers les sages.
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- JeannotLapin
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"Celui qui est passé à travers tous les stades l'un après l'autre, ayant offert les sacrifices, ayant contrôlé ses sens, ayant acquitté ses trois dettes de naissance, qu'il dirige son esprit vers la recherche de la libération."
Loi de Manu, VI, 34-35
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