Écrit par : Rabelais
Titre : Oeuvres complètes
Date de parution : 1973
Éditeur : Seuil
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Rabelais, Œuvres complètes, Seuil, Paris, 1973, 1024 pp.
« Amis lecteurs, qui ce livre lisez, despouillez-vous de toute affection, et, le lisant, ne vous scandalisez : il ne contient mal ne infection. » (p. 37) Si tous connaissent le nom de Rabelais (comme ceux de Gargantua, Pantagruel et Panurge) et ont retenu que l’auteur se range dans la case « créateur de la langue française », combien ont lu ses cinq livres, ou ne serait-ce qu’un seul d’entre eux, d’un bout à l’autre ? Combien savent qu’outre son habileté à faire des jeux de mots et des plaisanteries souvent vertes, Rabelais possède une érudition humaniste extrêmement vaste, qu’il met au service d’une pensée philosophique et religieuse encore fort méconnue et très peu explorée ? Parmi les rares commentaires valables, on lira l’étude de Charles d’Hooghvorst, « À propos de l’oracle de la dive bouteille », dans Oracles et prophétie (Beya, Grez-Doiceau, 2011, pp. 15 et ss.). L’édition du Seuil présente, à côté du texte original, une adaptation en français moderne ; nous citerons ci-dessous le texte original. Voici donc quelques extraits qui pourraient attirer l’attention des chercheurs de vérité : « Moelle est aliment élabouré à perfection de nature. » (p. 39) « Le blanc luy signifioit joye, plaisir, délices et resjouissance, et le bleu choses célestes. » (p. 66) « La terre fut tant eschaufée que il luy vint une sueur énorme, dont elle sua toute la mer, qui par ce est salée, car toute sueur est salée. » (p. 224 ; cf. Le Fil de Pénélope, p. 127) « Vous en suastez d’ahan. De vostre sueur, tombant en terre, nasquirent les choux cabutz. » (p. 574) « Vrayement je me recorde que les Caballistes et Massorethz interprètes des sacres letres, exposans en quoy l’on pourroit par discrétion congnoistre la vérité des apparitions angélicques (car souvent l’ange de Sathan se transfigure en ange de lumière), disent la différence de ces deux estre en ce que l’ange béning et consolateur, apparoissant à l’homme, l’espovante au commencement, le console en la fin, le rend content et satisfaict ; l’ange maling et séducteur au commencement resjouist l’homme, en fin le laisse perturbé, fasché et perplex. » (p. 423) « Aussi faut-il, pour davant icelles saige estre, je dis sage et praesage par aspiration divine et apte à recepvoir bénéfice de divination, se oublier soy-mesmes, issir hors de soy-mesmes, vuider ses sens de toute terrienne affection, purger son esprit de toute humaine sollicitude et mettre tout en nonchaloir. Ce que vulguairement est imputé à folie. » (p. 505) « J’ay leu qu’un Philosophe nomme Pétron, estoyt en ceste opinion que feussent plusieurs mondes soy touchans les uns les aultres en figure triangulaire aequilatérale, en la pate et centre desquels disoit estre le manoir de Vérité et le habiter les Parolles, les Idées, les Exemplaires et protraictz de toutes choses passées et futures ; autour d’icelles estre le Siècle. Et en certaines années, par longs intervalles, part d’icelles tomber sus les humains comme catarrhes et comme tomba la rousée sus la toizon de Gédéon, part là rester réservée pour l’advenir, jusques à la consommation du Siècle. » (p. 730) « Dadventaige Antiphanes disoit la doctrine de Platon ès parolles estre semblable, lesquelles en quelque contrée, on temps du fort hyver, lorsque sont proférées, gèlent et glassent à la froydeur de l’air, et ne sont ouyes. » (p. 731) |