Écrit par : Liou Kia-Hway (éd.)
Titre : Philosophes taoïstes
Date de parution : 1980
Éditeur : La Pléiade
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Philosophes taoïstes, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris, 1980, CIV + 780 pp.
Si Lao-Tseu et son Tao-tö King évoquent encore quelque chose chez les lecteurs cultivés, le nom d’un Tchouang-tseu ou d’un Lie-tseu doit leur paraître… du chinois ! On saura donc gré aux éditions Gallimard d’avoir mis à la disposition du public francophone les écrits de ces trois taoïstes dont la philosophie, bien que liée à une civilisation et à une langue si éloignées des nôtres, révèle parfois une étonnante proximité avec des idées traditionnelles familières en Occident. Rappelons aussi que l’auteur du Message Retrouvé paraît imprégné des idées du Tao : non seulement plusieurs extraits en ont été retenus comme épigraphes, mais d’autres – et ce n’est pas nécessairement évident pour tout lecteur – semblent avoir inspiré directement certains versets du Message ; ce qui n’avait d’ailleurs pas échappé à Guénon. Ainsi, Cattiaux écrit (XX, 73) : « Qui se souvient de Dieu aime Dieu. Qui aime Dieu entend Dieu. Qui entend Dieu obéit à Dieu. Qui obéit à Dieu imite Dieu. Qui imite Dieu connaît Dieu. Qui connaît Dieu embrasse Dieu. Qui embrasse Dieu devient un avec Dieu. » Comment ne pas voir la parenté étroite avec ce passage du Tao : « Qui connaît le constant embrasse. Qui embrasse peut être universel (dans son esprit). Qui est universel peut être royal. Qui est royal peut être céleste. Qui est céleste peut faire un avec le Tao. Qui fait un avec le Tao peut vivre longtemps. » (p. 18) Citons, pour le plaisir et l’instruction du lecteur, quelques autres passages des Philosophes taoïstes, dont l’écho lui sonnera peut-être familier : « Pouvoir connaître ce qui fut à l’origine, voilà le nœud du Tao. » (p. 16) « Ainsi le saint est toujours apte à sauver les hommes et il n’en omet aucun. Il est toujours apte à épargner les choses et n’en rejette aucune. C’est là ce que l’on appelle “suivre la lumière”. » (p. 30) « Le Tao engendre Un. Un engendre Deux. Deux engendre Trois. Trois engendre tous les êtres. » (p. 45) « L’existence du saint inspire la crainte à tous les hommes du monde. » (p. 52) « Tout le monde connaît l’utilité de l’utile, mais personne ne sait l’utilité de l’inutile. » (p. 119) « Les poissons naissent et vivent dans l’eau, dit K’ong-tseu, comme les hommes naissent et vivent dans le Tao. » (p. 134) « L’homme mesquin selon le ciel est un homme supérieur d’après les hommes ; l’homme supérieur selon les hommes est un homme mesquin pour le ciel. » (p. 135) « Le saint ne régit pas les hommes du dehors. Il s’amende d’abord lui-même et ensuite son influence se répand mieux. » (p. 139) « Son corps est comme le bois mort ; son cœur comme la cendre éteinte. Vraie est sa connaissance solide ; il se détache de toute connaissance acquise. Ignorant et obscur, il n’a plus de pensée, on ne peut plus discuter avec lui. Quel homme ! » (p. 252) « Pouvez-vous redevenir comme le petit enfant ? » (p. 264) « Qui sait si la vérité pour un homme de soixante ans ne se présente pas très exactement comme ce qui fut pour lui une erreur pendant cinquante-neuf ans ? » (p. 303) « Ce qui est facile à réaliser intérieurement n’est pas difficile à réaliser au-dehors. » (p. 465) « Ce que nous manifestons [en bien comme en mal] trouve au-dehors sa réponse. Ainsi va le monde. C’est pourquoi le sage est attentif à ce qui sort de lui. » (p. 595)
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