Écrit par : Luc Rodargire
Titre : Les Poissons du zodiaque
inférieur ou La Solution philosophique
Date de parution : 2017
Éditeur : Beya
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Luc Rodargire, Les Poissons du zodiaque inférieur ou La Solution philosophique, trad. C. Thuysbaert, Beya, Grez-Doiceau, 2017, 152 pp.
Nous ignorons quasi tout de l’auteur qui se cache derrière le pseudonyme de « Luc Rodargire », sinon qu’il serait de Beaulieu-sur-Loire ; c’est ce que montrent les recherches de Didier Kahn qui a eu le mérite d’attirer l’attention sur ce traité latin paru à Lyon en 1566. Consacré aux Poissons, l’ouvrage ferait suite à deux autres, intitulés Capricorne et Verseau, auxquels Rodargire renvoie à plusieurs reprises, mais dont nous n’avons aucune autre trace. Dans son « Introduction » très soignée, Madame Thuysbaert donne des indications utiles concernant le pluriel qui marque ce signe astrologique, le ruban qui lie les deux Poissons, le rapport entre le zodiaque supérieur (astres célestes) et l’inférieur (métaux terrestres), celui entre la fin de l’hiver, marquée par le signe des Poissons, et la dissolution, sujet central du traité, etc. La traduction est excellente, autant que nous puissions en juger d’après un extrait latin consulté. C’est évidemment le fond qui intéressera le plus le lecteur averti. Rodargire cite très souvent les autres alchimistes pour appuyer ses dires, en expliquant parfois, soulignons-le, en quoi leurs apparentes contradictions ne doivent pas troubler le chercheur. Ce traité, simple et en apparence, demande à être lu et relu souvent et attentivement. « Autrefois, en Grèce, le grand Thalès de Milet est le premier à avoir été honoré du nom de Sage pour ses qualités extraordinaires. Il avait appris que Phérécyde, homme d’une science peu vulgaire, avait décidé de convoquer une assemblée pour y traiter de questions divines. Il lui écrivit que s’il avait découvert, à domicile, certaines observations sur des sujets si ardus, il était plus avisé, selon lui, d’en proposer la lecture dans des cercles restreints d’amis doués d’un jugement plus sûr et plus affiné. Il ne valait en effet pas (ou très peu) la peine d’offrir ces pensées élevées à une foule grossière et inexperte. Cet enseignement remarquable de Thalès m’est souvent venu à l’esprit, amis chymiérastes, lorsque je me proposais d’écrire je ne sais quoi sur cette partie plus cachée de la philosophie naturelle, qui a trait à la pierre des philosophes. Il me mettait en garde : le sujet que je me chargeais de traiter était tel qu’on ne devait pas, témérairement, le répandre dans le peuple. Il convenait plutôt de le diffuser dans un groupe familier d’hommes doctes. » (p. 33) « Si le père de la nature, Dieu excellent et très grand, n’avait pas instillé un tel arcane dans la pensée des philosophes, jamais aucun mortel n’aurait atteint les si grands, si admirables et si stupéfiants effets de la chymiologie. » (pp. 50 et 51) « Ce n’est pas ailleurs que dans les corps du soleil et de la lune qu’il faut chercher le germe (fécond et multipliable en son temps) de la rougeur et de la blancheur. Enfin, tant qu’ils sont enchaînés par le lien naturel, on ne peut faire sortir de ces mêmes corps la vertu tingeante ; il faut d’abord avoir détruit, par solution philosophique, ces corps qui enferment en eux la force tingeante. » (p. 61) « Notre soufre philosophique est un feu pur, vif, tellement vif qu’il vivifie les corps morts et qu’il leur insuffle la vie immortelle. » (p. 97) « Beaucoup ne saisissent ni la lettre ni l’intention des philosophes, pour la raison qu’ils ne comprennent pas que leur apparent désaccord est [en réalité] un bel accord, si on réconcilie leur dissension par une lecture appropriée et sensée. Quand on écrit et qu’on statue dans ces domaines et dans la plupart des autres, une méthode et un style dissemblables occasionnent sans aucun doute une variété, mais pas une contrariété. » (p. 117)
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