Écrit par : Plutarque
Titre : Isis et Osiris
Date de parution : 1979
Éditeur : Guy Trédaniel/éd.
de la Maisnie
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Plutarque, Isis et Osiris, Guy Trédaniel/Éd. de la Maisnie, Paris, 1979, 240 pp.
Non seulement le contenu de ce traité est passionnant, mais l’édition en est ici exemplaire. La traduction et l’annotation sont de Mario Meunier, helléniste de la vieille école ; en le qualifiant ainsi, nous entendons bien faire son éloge. Car outre que le texte de Plutarque est rendu avec simplicité et précision, et se laisse lire très agréablement, Meunier propose aussi, dans ses notes, de nombreuses réflexions tirées immédiatement des meilleurs auteurs, qui donnent souvent un réel éclaircissement. Ajoutons que papier, caractères et couverture sont d’une belle qualité, sans que l’édition puisse être taxée de luxueuse, donc coûteuse. Bref, nous ne pouvons assez recommander la lecture attentive de ce joyau de la philosophie grecque, qui raconte en détail un mythe célèbre de l’ancienne Égypte, puis en commente avec profondeur les éléments les plus importants. «[Typhon] ne s’emploie qu’à déchiqueter et qu’à ternir la parole sacrée. Mais le Déesse Isis sait la rassembler en son intégrité.» (p. 23) «Les Égyptiens considèrent que la mer a été formée par le feu, qu’elle est en dehors de toute définition, qu’elle n’est ni une partie du monde, ni un élément : ils n’y voient rien autre qu’une espèce de sécrétion corrompue et malsaine.» (p. 38) «Les prêtres ont pour la mer une horreur sacrée, et appellent le sel, l’écume de Typhon.» (p. 112) «[Horus] ne détruisit pas entièrement Typhon, mais il lui enleva sa force et son activité. C’est pour cela, disent-ils, qu’à Coptos la statue Horus tient dans une de ses mains le membre viril de Typhon. De plus, leurs mythologues racontent qu’Hermès, après avoir ôté à Typhon ses nerfs, en fit des cordes pour sa lyre. C’est une façon de nous apprendre que lorsque la Raison organisa le monde, elle établit l’harmonie en la faisant résulter d’éléments opposés, qu’elle n’anéantit pas la force destructrice, mais qu’elle se contenta de la régulariser.» (p. 170) «Quant au nom d’Osiris (”Osirij), il provient de l’association des deux mots : Ósioj, saint, et ierÒj, sacré. Il y a, en effet, un rapport commun entre les choses qui se trouvent au ciel et celles qui sont dans l’Hadès, et les Anciens avaient pour habitude d’appeler saintes les premières, et sacrées les secondes.» (p. 182) «Ils disent qu’Osiris est enseveli, lorsque le grain que l’on sème est enfoui dans la terre, et que ce dieu reparaît et revit de nouveau, lorsque les germes commencent à pousser.» (p. 190) «De tous les biens qui sont le propre naturel de l’homme, aucun n’est plus divin que la parole, surtout celle qui s’occupe des dieux, et aucun n’a une action plus décisive sur sa félicité.» (p. 198) «Les Paphlagoniens disent que leur dieu est solidement attaché et enfermé pendant l’hiver, mais qu’au printemps il reprend ses mouvements et se défait de ses liens.» (p. 201) «Les philosophes ont bien raison de dire que ceux qui n’ont pas appris à connaître le sens exact des mots se trompent également quand il s’agit de se servir des choses.» (p. 203) «Pour la belette, beaucoup de gens croient et affirment encore que cet animal conçoit par l’oreille et enfante par la bouche, ce qui est une image de la génération de la parole.» (p. 214) «Les âmes des morts, dit Plutarque dans son traité des Délais de la Justice divine, ne projettent pas d’ombre et ne clignent pas de l’œil. C’était à cette marque que les pythagoriciens discernaient, quand pendant leur sommeil ils croyaient pénétrer dans la région subtile où habitent les âmes, s’ils y rencontraient les âmes des morts ou celles des vivants endormis.» (p. 151, n. 2)
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