Écrit par : Platon
Titre : La République (IV-VII)
Date de parution : 1975
Éditeur : Les Belles Lettres
|
Platon, La République (IV-VII) [Œuvres complètes, t. VII, 1], Les Belles Lettres, Paris, 1975, 187 pp.
Au quatrième livre, Socrate passe de la justice régnant dans l’État idéal, à celle qui caractérise l’esprit de l’homme juste ; au cinquième, il discute de l’éducation des femmes et des enfants des gardiens de la République ; au sixième, du rôle à jouer par les philosophes dans l’exercice du pouvoir ; au septième, de l’étude des sciences. Encore au quatrième livre (439b et ss.), le lecteur découvrira une description détaillée de l’esprit (ou de l’âme, yuc»), dont la division en trois parties, déjà abordée dans le Phèdre, remonte à Homère. Au début du septième, enfin, il trouvera le très célèbre «mythe de la caverne», qui offre une image saisissante de ce bas monde et de l’état d’esprit dans lequel la plupart des hommes y passent leur vie. «Tu sais, dis-je, que les teinturiers, quand ils veulent teindre la laine en pourpre, choisissent d’abord dans le grand nombre des couleurs une couleur unique, la blanche ; ils préparent ensuite leur laine blanche avec un soin minutieux, afin qu’elle prenne tout l’éclat possible de la pourpre. C’est seulement alors qu’ils la teignent, et la teinture ainsi donnée devient indélébile ; aucun lavage, soit à l’eau simple, soit au savon, ne peut en enlever le brillant […]. Persuade-toi que la seule fin que nous poursuivions, c’est qu’ils [les soldats de la République] consentissent à prendre la meilleure teinture des lois, afin que, grâce à la bonté de leur naturel et de l’éducation reçue, ils eussent une opinion indélébile et sur les choses à craindre et sur les autres, et que la teinture résistât à ces savons si actifs à emporter les couleurs, je veux dire le plaisir, plus efficace à cet effet que n’importe quel natron ou lessive, et la douleur, et la crainte, et la passion, détergents supérieurs à tous les lavages.» (429d à 430b) «L’homme juste ne permet pas qu’aucune partie de lui-même fasse rien qui lui soit étranger, ni que les trois principes de son âme empiètent sur leurs fonctions respectives, qu’il établit au contraire un ordre véritable dans son intérieur, qu’il se commande à lui-même, qu’il harmonise les trois parties de son âme absolument comme les trois termes de l’échelle musicale, le plus élevé, le plus bas, le moyen, et tous les tons intermédiaires qui peuvent exister, qu’il lie ensemble tous ces éléments et devient un de multiple qu’il était.» (443d et e) «À moins, repris-je, que les philosophes ne deviennent rois dans les États, ou que ceux qu’on appelle à présent rois et souverains ne deviennent de vrais et sérieux philosophes, et qu’on ne voie réunis dans le même sujet la puissance politique et la philosophie, à moins que d’autre part une loi rigoureuse n’écarte des affaires la foule de ceux que leurs talents portent vers l’une ou l’autre exclusivement, il n’y aura pas, mon cher Glaucon, de relâche aux maux qui désolent les États, ni même, je crois, à ceux du genre humain […]. Voilà ce que depuis longtemps j’hésitais à déclarer, parce que je prévoyais combien j’allais choquer l’opinion reçue.» (473d et e) «Le philosophe, qui vit avec ce qui est divin et ordonné, devient ordonné et divin, autant que le comporte la nature humaine ; mais la masse le juge souvent de façon bien injuste.» (500c et d) «Il conviendrait donc, Glaucon, de rendre cette science [l’arithmétique] obligatoire, et de persuader à ceux qui sont destinés à remplir les plus hautes fonctions de l’État d’en entreprendre l’étude et de s’y appliquer, non pas superficiellement, mais jusqu’à ce qu’ils arrivent par la pure intelligence à pénétrer la nature des nombres, non point pour la faire servir, comme les négociants et les marchands, aux ventes et aux achats, mais […] pour faciliter à l’âme elle-même le passage du monde sensible à la vérité et à l’essence.» (525b et c) «Il faut donner à ses leçons une forme qui ne sente pas la contrainte. […] L’homme libre ne doit rien apprendre en esclave […]. Ainsi donc, excellent jeune homme, repris-je, n’use pas de violence avec les enfants, fais que l’éducation soit un jeu pour eux : tu seras par là mieux à même de découvrir les dispositions naturelles de chacun.» (536d à 537a)
|