Dans la première partie (pp. 13 à 32), l’auteur, lecteur assidu des textes de Fulcanelli et de Canseliet, fustige, sans aucun doute à juste titre, «certaines personnes se présentant comme détenteurs d’un enseignement relatif à l’art d’Hermès et qu’ils divulguent sur Internet» (p. 19).

Dans la deuxième partie, Entretien avec Bernard Chauvière (pp. 33 à 44), le lecteur trouvera quelques informations inédites sur le Maître de Savignies. Monsieur Chauvière y rappelle notamment que la Pierre Philosophale est un Don de Dieu (p. 44).

Vient ensuite un Cahier iconographique (pp. 45 à 70), contenant des photographies montrant quelques protagonistes de l’univers alchimique du XX^e siècle : Jollivet-Castelot, Julien Champagne, René Schwaller de Lubicz, Canseliet, Emmanuel d’Hooghvorst, etc.

Enfin, dans les Annexes (pp. 71 à 101), on lira avec intérêt la lettre adressée en 1992 par Emmanuel d’Hooghvorst à Monsieur Chauvière (commentée par l’éditeur Arqa) ; la conversation, en 1937, entre Fulcanelli et Jacques Bergier, coauteur du Matin des magiciens ; une Histoire de l’antimoine en France rédigée par Michel Pouzadoux.

Si l’on fait abstraction de plusieurs malheureuses fautes typographiques, on peut regretter çà et là quelques imprécisions ou apparentes contradictions, peut-être en partie dues au fait qu’en fin de compte, les contributions à l’opuscule sont d’origine diverse.

Ainsi, Monsieur Chauvière est explicitement présenté comme un «authentique disciple et ami d’Eugène Canseliet» (p. 9), et par ailleurs, le sous-titre du livre décrit Canseliet comme «le dernier alchimiste». Comment, dès lors, convient-il de comprendre, plus loin, la lettre de d’Hooghvorst à Chauvière comme s’inscrivant dans le cadre «de la transmission de Maître à disciple» (p. 77) ?

Toujours au sujet de cette lettre, il aurait été judicieux d’éviter au lecteur d’en confondre le contenu avec le petit texte qui lui fait immédiatement suite (p. 76), mais dont les références ont été malencontreusement omises : il s’agit là, en effet, d’un extrait de l’ouvrage hermétique d’Emmanuel d’Hooghvorst, Le Fil de Pénélope, t. I, Beya, Grez-Doiceau, 2009, p. 389.

Enfin, on est un peu surpris, après avoir été mis en garde contre ceux qui «n’eurent jamais d’ailleurs l’insigne honneur d’avoir connu, parlé, ou approché ne serait-ce qu’une fois le Maître» (p. 16), de voir Charles d’Hooghvorst, frère d’Emmanuel, cité parmi les amis de Canseliet (p. 35). Non que l’auteur du célèbre Livre d’Adam méprisât les ouvrages du Maître de Savignies, bien au contraire ! Mais de là à suggérer qu’il pouvait même avoir été son disciple, là où Charles d’Hooghvorst s’est toujours ouvertement réclamé de l’enseignement de Louis Cattiaux (1904-1953), c’est un pas qui, pour être franchi, demanderait au moins des informations supplémentaires.

Ces quelques considérations critiques n’enlèvent rien au plaisir et à l’intérêt qu’on éprouve en parcourant ces pages.