Écrit par : Eschyle
Titre : Les Suppliantes, Les Perses,
Les Sept contre Thèbes,
Prométhée enchaîné
Date de parution : 1984
Éditeur : Les Belles Lettres
|
Eschyle, Les Suppliantes, Les Perses, Les Sept contre Thèbes, Prométhée enchaîné, Les Belles Lettres, Paris, 1984, 200 pp.
Eschyle (525-455), né à Éleusis, pays des Mystères voisin d’Athènes, ancien combattant de Marathon, est le premier et le plus majestueux des trois grands auteurs de tragédie grecs. Bien que l’action soit à peu près absente de ses pièces, qui ont donc une nature plutôt statique, la puissance des propos énoncés par les personnages est seule suffisante à leur conférer une allure dramatique incontestable. Ce n’est d’ailleurs pas là leur qualité essentielle. On flaire dans ces textes savamment élaborés un enseignement religieux et philosophique traditionnel remontant à Homère. Et pour un lecteur chrétien, par exemple, comment ne pas reconnaître dans ce Prométhée (la Sagesse), cloué à un rocher et souffrant, le Crucifié ? À l’image d’Homère, mais de manière beaucoup plus fréquente, Eschyle donne souvent explicitement l’étymologie des noms propres cités dans ses pièces, ce qui révèle en lui un authentique commentateur de la mythologie. Des sept tragédies conservées, ce tome-ci en contient quatre, que nous résumerons brièvement : – Dans Les Suppliantes, les Danaïdes, accompagnées de leur père Danaos, fuyant le mariage que veulent leur imposer leurs cousins, les Égyptiades, fils du roi d’Égypte, viennent chercher refuge dans la ville d’Argos d’où jadis leur aïeule, Io, amante de Zeus transformée en vache par Héra et harcelée par un taon, s’était enfuie pour, inversement, chercher refuge au pays du Nil. Au nom des lois de l’hospitalité, ainsi que des lointains liens de parenté, le roi d’Argos les prend sous sa protection, malgré la guerre dont il risque ainsi de s’encombrer.
– Seule tragédie d’Eschyle à s’inspirer non de la mythologie mais de l’histoire, Les Perses relate le retour de Xerxès en sa patrie, après le désastre de Salamine (479 avant J.C.), où la flotte athénienne triompha de l’envahisseur perse.
– Les Sept contre Thèbes raconte l’attaque simultanée des sept armées liguées contre la fameuse cité aux sept portes, attaque certes repoussée, mais coûtant la vie à son roi Étéocle ainsi qu’à son frère ennemi Polynice venu lui disputer le trône thébain.
– Dans Prométhée enchaîné, le célèbre Titan, pour avoir dérobé aux dieux le feu du ciel et l’avoir communiqué aux hommes, est enchaîné par Héphaïstos à un rocher sur ordre de Zeus. Acceptant son sort, Prométhée dialogue avec ses différents visiteurs : Océan et ses filles, les Océanides, puis Io transformée en vache, enfin Hermès.
«Ah ! que je voudrais être la vapeur [ou : fumée] noire qui approche les nuées de Zeus !» (Les Suppliantes, vv. 779 et 780) «Que ne puis-je m’asseoir au sein [ou : trône] de l’éther !» (Les Suppliantes, v. 792) «Caressante et douce, Até [l’Aveuglement] égare l’homme en ses panneaux, et nul mortel ne peut ensuite s’en évader d’un saut et fuir.» (Les Perses, vv. 93 et 94) «Du feu brillant d’où naissent tous les arts, il a fait larcin, pour l’offrir aux mortels.» (Prométhée enchaîné, vv. 7 et 8) «Au creux d’une férule, j’emporte mon butin, la semence de feu par moi dérobée, qui s’est révélée pour les hommes un maître de tous les arts, un trésor sans prix.» (Prométhée enchaîné, vv. 109 à 111) « – Quoi ! le feu flamboyant est aujourd’hui aux mains des éphémères ?
Et de lui ils apprendront des arts sans nombre.» (Prométhée enchaîné, vv. 253 et 254)
«Je veux même te donner le seul conseil qui convienne ici, si avisé que tu sois déjà : connais-toi toi-même [g…gnwske sautÒn]…» (Prométhée enchaîné, vv. 307 à 309) «Pour traiter la maladie colère, il existe des mots médecins.» (Prométhée enchaîné, v. 378) «Tous les arts aux mortels viennent de Prométhée.» (Prométhée enchaîné, v. 506) «La bouche de Zeus ne sait pas mentir : elle réalise tout ce qu’elle énonce.» (Prométhée enchaîné, vv. 1032 et 1033) _________________________________________________________________ |