Écrit par : Aristophane -
H. Van Daele (trad.)
Titre : Les Thesmophories
- Les Grenouilles
Date de parution : 1973
Éditeur : Les Belles Lettres
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Aristophane, tome IV : Les Thesmophories, Les Grenouilles, trad. H. Van Daele, Les Belles Lettres, Paris, 1973, 158 pp.
La fête religieuse des Thesmophories, célébrée en l’honneur de Déméter et Perséphone (les deux déesses des Mystères d’Éleusis) était réservée aux seules femmes athéniennes. Dans la pièce du même nom, celles-ci profitent de cette fête pour délibérer entre elles sur la manière de se venger du poète Euripide, accusé de malmener la gent féminine dans ses tragédies. Informé de ce projet, Euripide engage un proche parent, déguisé en femme, à se mêler à l’assemblée féminine pour y prendre sa défense. Le parent, après avoir été démasqué et constitué prisonnier dans l’attente de l’arrivée du prytane qui punira ce sacrilège, parvient à se faire tirer de ce mauvais pas par le tragédien lui-même. La comédie nous donne un aperçu de la célébration des anciens mystères. Elle met aussi en vedette un poète qui, apparemment malmené par Aristophane, est cependant abondamment cité dans l’ensemble de son œuvre. Il serait intéressant de comparer dans ce contexte le cas d’Euripide et celui de Socrate. Si, dans les Thesmophories, le tragédien se fait, comme le philosophe ridiculisé dans les Nuées, taxer d’athéisme (cf. vv. 450 et 451 : «Aujourd’hui ce poète qui travaille dans les tragédies a persuadé aux hommes qu’il n’y a pas de dieux»), le même Aristophane déclare cependant dans Lysistrata (v. 368) qu’«il n’est pas de poète plus sage qu’Euripide». Les Grenouilles attirent une nouvelle fois l’attention sur Euripide, ainsi que sur les Mystères d’Éleusis. Le personnage central y est Dionysos, patron de la tragédie, genre poétique dont les plus grands représentants (Eschyle, Sophocle et Euripide) sont depuis peu tous décédés, dans la réalité d’alors comme dans la pièce. Désireux de ramener des enfers un poète digne de lui, le dieu, déguisé en Héraclès, consulte d’abord ce dernier, expérimenté dans le domaine, sur l’itinéraire à suivre dans l’autre monde. Puis, après un voyage mouvementé, entre autres sur un lac infesté par des grenouilles coassant sans cesse, qu’il traverse dans la barque de Charon, Dionysos arrive au palais de Pluton. Les initiés aux Mystères d’Éleusis y font entendre leurs chants religieux. Le dieu se fait juge entre Eschyle, le traditionaliste, et Euripide, le novateur, qui se querellent sur la prééminence en matière de tragédie. Enfin Eschyle, grand vainqueur du débat, peut accompagner le dieu vers le monde des vivants. «Venez, souveraines, bienveillantes et propices dans ce bois qui est vôtre, où les saintes orgies des deux déesses qu’il est interdit aux hommes de regarder, vous les montrez à la lueur des torches, vision immortelles. Allez, venez, nous vous en prions, Thesmophores tant vénérées.» (Les Thesmophories, 1148 à 1156) «Par Zeus, moi je suis un âne qui célèbre les mystères.» (Les Grenouilles, 159) «Que l’on se recueille et que cède la place à nos chœurs qui n’est pas versé dans un pareil langage ; qui n’est pas pur d’esprit, qui ne vit ni ne célébra par des danses les mystères des nobles Muses [...]. Je dis, je redis, je dis bien fort pour la troisième fois de céder la place aux chœurs des mystes.» (Les Grenouilles, 354 à 370) «Pour nous seuls le soleil brille répandant une gaie lumière, pour nous qui sommes initiés et avons mené une vie pieuse envers les étrangers et les citoyens.» (Les Grenouilles, 454 à 459) «[La balance] fera connaître au juste notre poésie à tous les deux, elle seule, en donnant le poids [b£roj] exact de nos expressions [[·hm£twn].» (Les Grenouilles, 1366 et 1367) _________________________________________________________________ |