En 1945, près de Nag Hammadi, ville de la Haute-Égypte, des bergers firent dans le sol une

découverte spectaculaire : une jarre contenant des codex, livres de papyrus reliés, regroupant une cinquantaine de textes dits «gnostiques», rédigés en copte, datant du milieu du IV^e siècle, et dont les originaux grecs, souvent perdus, sont du II^e et du III^e siècle.

Ces traités jettent une lumière fascinante sur les doctrines et les communautés chrétiennes de l’Antiquité, foisonnantes et florissantes, mais souvent condamnées par les représentants de la Grande Église, de plus en plus portés à fustiger la «gnose», ou «connaissance», pourtant si présente dans leurs propres écrits jugés «canoniques».

Les titres donnent d’emblée une idée du contenu : Évangile de la vérité, Évangile selon Thomas, Évangile selon Philippe, Évangile selon Marie, Livre des secrets de Jean, La Sagesse de Jésus-Christ, Dialogue du Sauveur, Lettre de Pierre à Philippe, Épître apocryphe de Jacques, Prière de l’Apôtre Paul, Actes de Pierre et des douze apôtres, Apocalypse de Paul, Apocalypse de Pierre, Deux Apocalypses de Jacques, Melchisédek, Apocalypse d’Adam, etc.

Ces textes, il est vrai, ne sont pas toujours aisés à comprendre, ne serait-ce qu’à cause de leur état parfois lacunaire ; mais on y découvre aussi des perles qui n’ont rien à envier à celles de l’Ancien ou du Nouveau Testament.

Dans ce volume, paru dans la prestigieuse Bibliothèque de la Pléiade, la traduction de chaque traité, visiblement très soignée, est précédée d’une introduction et d’une bibliographie, et accompagnée de notes.

Quelques citations :

« Le Seigneur répondit et dit : “Ne savez-vous pas qu’on a tranché la tête de la prophétie avec Jean ?” » (p. 31)

« Jésus a dit : “Peut-être les hommes pensent-ils que je suis venu jeter la paix sur le monde, et ils ne savent pas que je suis venu jeter des divisions sur la terre, le feu, l’épée, la guerre.” » (p. 312)

« Depuis que le Christ est venu, le monde est créé. » (p. 344)

« Dieu est un teinturier. » (p. 354)

« Quand Ève vit sa coressemblance gisante, elle eut pitié d’elle et dit : “Adam, sois vivant, dresse-toi sur le sol.” Sa parole se réalisa sur-le-champ et Adam, s’étant levé, ouvrit aussitôt les yeux. L’ayant aperçue, il dit : “Toi, on t’appellera ‘mère des vivants’ car c’est toi qui m’as donné la vie.” » (p. 446)

« Quant au nom par lequel on est baptisé, il est la parole de cette eau. » (p. 1271)

« L’homme sage, c’est lui qui fait que Dieu se tienne près des hommes. » (p. 1595)