Écrit par : Gershom Scholem
Titre : La Kabbale et sa symbolique
Date de parution : 1980
Éditeur : Petite Bibliothèque Payot
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G.G. Scholem, La Kabbale et sa symbolique, Petite Bibliothèque Payot, Paris, 1980, 224 pp.
L’ouvrage de Scholem consacré à la cabale, un vrai « classique » du domaine, étudie en particulier la littérature marquée par l’emploi de l’arbre séphirotique : le Livre de la Formation (Sepher Ietsirah), le Bahir, le Zohar, l’école de Louria, etc. Il replace les auteurs et les ouvrages dans leur contexte historique, en insistant entre autres sur leur côté à la fois conservateur et révolutionnaire. La cinquième et dernière partie du livre, intitulée « L’idée du golem dans ses rapports telluriques et magiques », propose une étude très riche et complète sur le golem, dont la légende et la littérature se sont emparées au point d’en transformer parfois sensiblement le contenu. C’est un ouvrage incontournable pour tout qui s’intéresse à la tradition juive et au sens profond de la Torah. Quelques extraits : « Origène relate, dans son commentaire des psaumes, qu’un savant « hébraïque », certainement un membre de l’académie rabbinique de Césarée, lui a dit que les Écritures Saintes ressemblaient à une grande maison avec beaucoup, beaucoup de pièces ; devant chaque pièce se trouve une clé, mais ce n’est pas la bonne. Les clés de toutes les pièces ont été échangées, et il faut (tâche à la fois grande et difficile) trouver les bonnes clés qui ouvrent les pièces. » (p. 20) « La Tora semble ici brûler devant Dieu en lettres de feu noir sur du feu blanc […]. La forme de la Tora écrite est celle des couleurs du feu blanc, et la forme de la Tora orale a l’apparence des couleurs du feu noir. […] Ce feu noir est comme l’encre sur le parchemin. “Et c’est pour cela que la Tora ne peut prendre une forme corporelle, si ce n’est par la puissance de la Tora orale, c’est-à-dire que sans celle-ci elle ne peut pas être vraiment comprise”. » (pp. 61 et 62) « L’arbre de vie fut (déjà avant l’époque du Zohar) identifié avec la Tora écrite, tandis que l’arbre de la connaissance du bien et du mal fut identifié avec la Tora orale. » (p. 80) « Un rite d’initiation au sens plus précis est celui qui a pour but la remise du nom de Dieu par le maître au disciple. […] L’on ne livre le nom qu’au-dessus de l’eau. Avant de l’apprendre à son disciple, le maître et son disciple doivent plonger et se baigner dans de l’eau courante profonde de quarante “mesures”, aussitôt revêtir des vêtements blancs et jeûner le jour de l’enseignement. Puis tous les deux doivent se tenir jusqu’aux chevilles dans l’eau, sur laquelle le maître récite une prière qui se termine par ces mots : “La voix de Dieu est au-dessus des eaux ! Loué sois-Tu, Seigneur, Toi qui révèles Ton secret à ceux qui le craignent, Toi qui connais les mystères.” Puis tous les deux doivent diriger leur regard vers l’eau, réciter des versets de psaumes qui célèbrent Dieu “au-dessus des eaux”. Alors le maître livre ce nom secret de Dieu que l’adepte doit posséder, sur quoi ils vont à nouveau à la synagogue ou à l’école et récitent encore une action de grâces au-dessus d’un vase rempli d’eau. » (pp. 154 et 155) « Un rite théurgique […] enseigne “l’attraction du nom” […]. Il est révélé à l’ancienne doctrine juive que l’homme peut attirer le nom sous une forme toute concrète. Les noms secrets de Dieu doivent être écrits sur du vrai parchemin de cerf, dans lequel on coupera un vêtement sans manches qui, un peu comme le pectoral du grand prêtre, couvre les épaules et la poitrine jusqu’au nombril et tombe sur le côté jusqu’aux hanches. De plus, on doit faire un chapeau de ce parchemin pour accompagner le vêtement. Quand l’inscription sur le vêtement magique confectionné est terminée, il faut jeûner sept jours, ne rien toucher d’impur et ne rien goûter de ce qui vient de l’animal, même pas des œufs ou des poissons, seulement des légumes secs et autres choses semblables. Après les sept jours, il faut aller la nuit près de l’eau et crier au-dessus le nom qui est écrit sur le vêtement. Si l’on perçoit dans l’air, au-dessus de l’eau, une forme verte, c’est le signe qu’il y a encore quelque chose d’impur dans l’adepte et que cette préparation doit se répéter encore pendant sept jours, et s’accompagner d’aumônes et de bienfaits. “Et prie ton créateur, afin de ne pas être une fois encore confondu. Mais si tu aperçois la forme au-dessus de l’eau dans une auréole rouge clair, sache que tu es intérieurement assez pur pour attirer le nom. Puis va dans l’eau jusqu’aux hanches et attire le nom respectable et redoutable dans l’eau.” Ce rite doit prêter à l’adepte une force irrésistible, par quoi il lui sera conseillé d’appeler en même temps les anges qui lui appartiennent et qui apparaîtront alors devant lui, sans qu’il voie autre chose qu’une fumée qui s’étend devant lui. » (p. 155)
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