Écrit par : Pindare
Titre : Olympiques
Date de parution : 1931
Éditeur : Les Belles Lettres
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Pindare, Olympiques, Les Belles Lettres, Paris, 1931, XXXII + 160 pp. «J’apporte aux athlètes vainqueurs ce don des Muses, ce nectar limpide, doux fruit du génie, et j’en fais hommage à ceux qui ont triomphé à Olympie ou à Pythô» (VII, 12 à 17). Pindare (518-438), originaire de Thèbes, donc compatriote de Dionysos et d’Héraclès, est surtout connu pour ses Hymnes, ou Odes, chants célébrant les vainqueurs des épreuves organisées à l’occasion des différentes grandes fêtes sportives, dont la plus importante se déroulait une fois tous les quatre ans à Olympie, dans le nord-ouest du Péloponnèse : les illustres jeux Olympiques. Dans ces chants, dont la musique est malheureusement perdue, le poète ne se contente pas de mettre en relief l’exploit de l’athlète triomphant, il rappelle que ses nobles origines, ou celles de sa patrie, remontent jusqu’aux dieux, insère des récits mythologiques (par exemple, la très intéressante histoire de Bellérophon domptant Pégase, dans l’Olympique XIII), ainsi que des prescriptions morales et philosophiques. Pindare est probablement le plus grand poète lyrique de l’Antiquité grecque ; il deviendra plus tard le modèle d’Horace, auteur d’Odes latines. Quand, en 335 avant J.-C., Alexandre le Grand ordonna la destruction de Thèbes, il prit le soin scrupuleux d’en préserver la seule maison de Pindare. La traduction d’Aimé Puech mérite des éloges, car les Hymnes, dont la versification est très savante, et le vocabulaire grec mûrement pesé, ne sont pas une œuvre aisée à traduire. Si, plus loin, nous nous permettons d’ajouter parfois des précisions à sa traduction, c’est uniquement pour mettre l’accent sur certains éléments difficiles à faire ressortir dans une version longue et continue, où la littéralité doit souvent être sacrifiée à l’élégance : «Le premier des biens est l’eau ; l’or, étincelant comme une flamme qui s’allume dans la nuit, efface tous les trésors de la fière opulence.» (I, 1 à 4) Ces vers, qui ouvrent les Olympiques, ont retenus l’attention des alchimistes ; on peut les rapprocher des suivants : «Entre tous les éléments l’eau tient le premier rang, comme l’or est le plus estimable de tous les biens» (III, 75 et 76). «Il se trompe, l’homme qui espère cacher à la divinité un de ses actes !» (I, 102 à 104) «L’homme habile est celui qui tient de la nature son grand savoir ; ceux qui ne savent que pour avoir appris, pareils à des corbeaux, dans leur bavardage intarissable, qu’ils croassent vainement contre l’oiseau divin de Zeus !» (II, 154 à 159) L’hermétiste Emmanuel d’Hooghvorst citait souvent ces vers qui insistent sur la croissance naturelle de la gnose du sage, et dont on pourrait traduire les premiers mots plus exactement ainsi : «Sage (sofÒj) est celui dont le savoir se multiplie par croissance naturelle (fu´)». On peut les rapprocher des vers suivants : «Rien ne vaut les dons naturels (fu´) : pourtant, souvent, les hommes prétendent remporter la gloire par les qualités qu’ils ont apprises» (IX, 152 à 155). «Ma parole ne risque point de porter la couleur du mensonge ; car c’est à l’épreuve que les mortels se font connaître.» (IV, 29 et 30) «… le témoin unique de l’authentique vérité, le Temps.» (X, 65 à 67) «Maintenant, je n’en ai que l’espérance ; le succès [ou : l’accomplissement, teloj] est dans la main de la divinité.» (XIII, 147 et 148)
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