Écrit par : Anonyme
Titre : Le Rosaire des Philosophes
Date de parution : 1973 Éditeur : Médicis
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Le Rosaire des philosophes, préface, trad. et notes É. Perrot, Librairie de Medicis, Paris, 1973, 240 pp. Rédigé dans la première moitié du XIVe siècle, Le Rosaire des philosophes est un véritable «classique», souvent cité par les philosophes plus tardifs. Étienne Perrot écrit dans sa préface : «Ils se souvenaient que le rosaire chrétien est une couronne de fleurs tressée à la mère de Dieu. Et qu’était pour eux la reine Alchimie sinon la mère de la Pierre […] ?» (pp. 7 et 8) Il s’agit d’un recueil, d’un florilège de citations empruntées aux meilleurs philosophes, regroupées par thème et susceptibles, ainsi, de s’éclairer et de se compléter entre elles. La traduction (presque intégrale : Perrot a intentionnellement laissé de côté quelques passages jugés comme moins intéressants) se laisse lire très agréablement ; la présentation générale du texte, accompagné d’illustrations adéquates, est un modèle du genre. Nous recommandons vivement la lecture de ce Rosaire à tout amoureux de philosophie ; c’est un trésor inépuisable, où nous avons puisé les perles suivantes : «Sache que l’art d’alchimie est un don du Saint-Esprit.» (p. 32) «Je veux que tu agisses ainsi, et surtout que ton imagination soit selon la nature. Et vois selon la nature, grâce à laquelle les corps sont régénérés dans les entrailles de la terre. Et imagine cela au moyen de l’imagination vraie et non fantastique.» (p. 35) «La contemplation de la vraie chose qui parfait toutes choses est la contemplation par les élus de la pure substance de l’argent-vif.» (p. 44) «La matière première des corps n’est pas le mercure vulgaire mais une vapeur onctueuse et humide. Car de l’humide on fait la pierre minérale, et de l’onctueux on fait le corps métallique. Il convient en effet que les corps soient convertis en vapeur onctueuse, et dans cette conversion les corps périssent, et le grain du corps est anéanti dans la mort et il est totalement mortifié. Et ceci se réalise par l’intermédiaire de notre eau blanche et rouge. Et comprends que si le grain de blé, c’est-à-dire le grain du corps, n’est pas jeté dans la terre, c’est-à-dire en sa matière première, c’est-à-dire dans la vapeur onctueuse, ou mercure des philosophes et des sages, etc.» (p. 48) «Le fondement de l’art, ce sont le soleil et son ombre.» (p. 58) «Parmi les travailleurs modernes, beaucoup, même des philosophes, ont été déçus, parce qu’ils abandonnent l’œuvre là où ils devraient commencer.» (p. 61) «À partir de toute chose on peut faire de la cendre, et de cette cendre on peut faire du sel, et de ce sel on fait de l’eau. Et avec cette eau on fait du mercure, et avec ce mercure, moyennant diverses opérations, on fait le soleil.» (p. 70) «L’eau des philosophes est appelée vase d’Hermès. Les philosophes ont écrit à son sujet dans les termes suivants : Dans notre eau s’effectuent toutes les opérations, la sublimation, la distillation, la solution, la calcination, la fixation. Elles s’effectuent dans cette eau comme un vase artificiel, ce qui est un très grand secret. Et l’eau constitue les poids des sages. C’est pourquoi l’eau et le feu suffisent pour l’œuvre entière.» (p. 79) «La pierre est donc dite “toute chose”, parce qu’elle possède en elle-même et d’elle-même toute chose nécessaire en raison de sa perfection.» (p. 81) «Le nom d’alkimie signifie en grec “transmutation”.» (p. 93) «Quand le mercure mortifie le soleil et la lune, la matière demeure comme de la cendre […]. Il est dit de cette cendre au livre de la Tourbe et dans celui d’Arnaud : Ne méprise pas cette cendre.» (p. 107) «L’azoth et le feu lavent le laton et en ôtent la noirceur. C’est pourquoi le philosophe dit : Blanchissez le laton et déchirez vos livres, afin que vos cœurs ne soient pas déchirés.» (p. 113) «L’Esprit du Seigneur était porté au-dessus des eaux avant la création du ciel et de la terre (Genèse, I). On voit donc que toutes choses ont été créées à partir de l’eau.» (p. 119) «Elle est dite pierre non-pierre, pierre parce qu’elle est broyée, non-pierre parce qu’elle est fondue.» (p. 125) «L’art, par l’intermédiaire de la nature, n’est autre que la cuisson et la digestion de cette nature par un travail simple.» (p. 143) «Mon fils, extrais du rayon son ombre.» (p. 163) «Il apparaît donc que la pierre est la maîtresse du philosophe, car c’est comme s’il disait qu’elle fait d’elle-même naturellement ce qu’on dit qu’elle fait. Ainsi le philosophe n’est pas le maître de la pierre, mais bien plutôt son serviteur.» (p. 206) «Que le sage artisan étudie nos volumes en rassemblant notre dessein dispersé, réparti dans des endroits divers pour éviter qu’il ne soit divulgué aux méchants et aux ignorants. Une fois qu’il aura été réuni, qu’il essaie jusqu’à ce qu’il parvienne à la connaissance totale par l’étude et l’expérimentation moyennant la persévérance d’un travail habile et intelligent. Que l’artiste s’exerce et il trouvera. Mais afin de ne pas être mordu par les impies, nous affirmons que nous n’avons pas livré notre science en un discours continu. Nous l’avons répartie dans les chapitres. Car si nous avions agi autrement, l’homme malhonnête s’en serait emparé au même titre que l’homme honnête. Et nous l’avons également cachée là où nous avons parlé plus ouvertement.» (p. 210) «C’est une nuée ténébreuse, un nuage, le serviteur fugitif, le mercure occidental qui se place au-dessus de l’or et le vainc.» (p. 219) «Le magistère tout entier ne consiste à rien d’autre qu’à extraire l’eau de la terre et à la laisser se répandre sur la terre jusqu’à ce qu’elle pourrisse. Et quand cette terre pourrit à l’aide de l’eau et qu’elle a été purifiée avec l’aide de celui qui gouverne toutes choses, le magistère tout entier est accompli.» (p. 223) «Aucun poison capable de teindre n’est engendré sans le soleil et son ombre, c’est-à-dire son épouse.» (p. 225) «Aucun de mes serviteurs n’a de pouvoir sur moi sauf un à qui cela a été donné et qui m’est contraire. C’est Saturne : il disloque tous mes membres. Puis je retourne vers ma mère, qui rassemble mes membres divisés et dispersés.» (p. 233) ________________________________________________________ |