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Qui transformera le Lait Virginal en la consistance corporelle du Fils nouveau-né [1] La grande connaissance demeure au fond de nous.
Louis Cattiaux[2]
Les textes qui suivent s’éclairent les uns par les autres ; ils nous montrent comment, par l’Art, une subtile vapeur extraite se condense en un corps purifié impérissable. Ils nous mènent vers la réalisation ultime de l’œuvre hermétique : le Corps «du glorieux ressuscité qui vit au-delà de toute mort»[3]. Ils se disputent les excréments et délaissent le baume. Ils transforment les pierres en fumée, mais qui transformera la fumée en pierre sainte?[4] La gloire du monde est une fumée qui se disperse dans les ténèbres, tandis que la gloire de Dieu est une fumée qui se condense dans la lumière.[5] C’est en montant et en descendant que nous découvrirons le mouvement et le repos de Dieu[6]. Ce n’est pas autre chose qu’une coction continue, les essences volatiles montant et descendant jusqu’à ce qu’elles finissent par être fixées.[7] Cette sublimation et cette condensation continuent jusqu’à ce que le mercure absorbe les parties subtiles, sulfureuses de la terre, et y soit incorporé, pour que ce soufre coagule le mercure et le fixe enfin, pour qu’il ne se sublime pas, mais repose immobile en une masse pondéreuse, et soit concocté (digéré) en un métal parfait.[8] Ô sel que Saturne rend lourd en son pot![9] Cette lumière... décrite comme une lumière bleue, fait songer à cette première conjonction à partir de laquelle se fait le mercure des Philosophes, où les parties volatiles dansent autour du fixe avant d’être peu à peu digérées en lui par cuisson.[10] Cette terre sua par l’Art, et de cette sueur naquit sa vérité: cette sueur se cuit en pesant corps sonnant.[11] On pense sur l’or: sa chymie c’est vapeur d’Hué en cuisson de Saturne; son Art, c’est Soleil qui sonne, Paradis des sens.[12] Cette humidité est la mère de toutes choses dans le monde, et le feu masculin et sulfureux de la terre est leur père.[13] L’eau dissout le corps et entraîne avec elle, durant la distillation, des particules de sel fixe par l’alambic, commençant à devenir chaque fois plus épaisse par la répétition de la distillation.[14] En la sainte montagne où l’azur se dépose, Amour se crée un corps que du feu lie en l’or.[15] Keter (la couronne, première sephirah) est le vouloir de Dieu, et Malkout (le royaume, dernière sephirah) est la réalisation de ce vouloir.[16] Marie apprit la nuit sagesse des chrétiens: un sens perdu lui fut rendu, un don d’Ave, un monde su. Et que lut-elle? Le Désir de Dieu.[17] En sagesse d’Hué se cuit ce corps de l’or.[18] La souche a refleuri, la fleur a donné son parfum et le fruit a mûri pesamment sans que nul s’en doute. « Qui mangera le don de Dieu ? Et qui sera pénétré par sa splendeur ? »[19] [1] MR, I, 26’.
[2] MR, III, 28’.
[3] MR, XXXVIII, 66’ et XXXIII, 51 et 51’.
[4] MR, I, 49’.
[5] MR, XXXVII, 7’.
[6] MR, XI, 44’.
[7] Philalèthe, Œuvres complètes, p. 260.
[8] Philalèthe, Œuvres complètes, p. 318.
[9] EH, Aphorismes du nouveau monde, n°67.
[10] EH, Le fil de Pénélope, p. 178.
[11] EH, Roi Midas.
[12] EH, Aphorismes du nouveau monde, n°69.
[13] Philalèthe, Œuvres Complètes, p. 317.
[14] Gloria Mundi, Fil d’Ariane 48-49, p. 73.
[15] EH, Aphorismes du nouveau monde, n°5.
[16] EH, Commentaire sur l’Exode, n°8.
[17] EH, Aphorismes du nouveau monde, n°13.
[18] EH, Aphorismes du nouveau monde, n°89.
[19] MR, XXIII, 40.
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