POÈTES ET POÉSIES

Il est bien rare
d'arriver tard
et de sentir
comme un martyr
que l'alchimie
a une amie
et sans laquelle
tout ne recèle
que de l'errance
et pénitence.
Allons à l'or
non du dehors
et que Gabrit
point ne s'irrite
puisque Beya
se trouve là.
Amour sacré
non profané.
Secret des sages
su d'âge en âge.

Ah donne-nous des crânes de braises
Des crânes brûlés aux foudres du ciel
Des crânes lucides des crânes réels
Et traversés de ta présence

Fais-nous naître aux cieux du dedans
Criblés de gouffres en averses
Et qu'un vertige nous traverse
Avec un ongle incandescent

Rassasie-nous nous avons faim
De commotions inter-sidérales
Ah verse-nous des laves astrales
A la place de notre sang

Détache-nous divise-nous
Avec tes mains de braises coupantes
Ouvre-nous ces voûtes brûlantes
Où l'on meurt plus loin que la mort

Fais vaciller notre cerveau
Au sein de ta propre science
Et ravis-nous l'intelligence
Aux griffes d'un typhon nouveau

"Prière" d'Antonin Artaud

Baudelaire, l'un de mes préféré ! Merci Arca
Certains d'entre-vous connaissent peut-être, mais je passe le mot : Georges Chelon, un chanteur à textes, a adapté en musique les Fleurs du Mal. Certains titres peuvent surprendre (les musiques que nos imaginaires émotionnels posent sur chaque chose est tellement intime selon chacun), mais j'aime beaucoup les mélodie que monsieur Chelon a donné à "L'irrémediable", L'Héautontimorouménos, L'albatros, La géante, Le serpent qui danse, La vie antérieure, De profundis clamavi, le Lethé, La cloche fêlée, Don Juan aux enfers, et quelques autres des poèmes intemporels de Charles Baudelaire.
Il a même adapté "La conscience" de Victor Hugo.. hypnotisant !

Anonyme, Cantique de la Trinité, seconde moitié du treizième siècle; cité par Emilie Zum Brunn dans l'introduction de l'œuvre de Marguerite Porète "Le Miroir des simples âmes anéanties".

Cela est - mais personne ne sait ce que c'est.
C'est ici, c'est là
C'est loin, c'est près
C'est profond, c'est haut;
C'est de telle sorte que
Ce n'est ni ceci, ni cela.
C'est Lumière, c'est clarté;
C'est très obscur,
C'est innomé,
C'est inconnu,
Libre de commencement et de fin,
C'est un lieu calme
Qui s'écoule sans quiddité.
Qui connaît sa maison?
Celui-là, qu'il en sorte
Et nous dise quelle est sa forme!
Deviens comme un enfant,
Deviens sourd, deviens aveugle!
Le quelque chose que tu es
doit devenir néant;
Toute chose, tout néant
Doit être dépassé,
Laisse le lieu, laisse le temps,
Laisse aussi les images.
Va sans chemin
Sur l'étroite montée:
Ainsi tu parviens sur les traces du désert.
O mon âme,
Sors - entre en Dieu,
Engloutis tout ce qui est mien
Dans le néant de Dieu,
Abîme-toi dans les eaux sans fond!
Si je fuis loin de Toi
Tu viens à moi;
Si je me perds
Je Te trouve,
O Bien suressentiel !"

Temple abandonné

J'ai prosterné mon front sur le seuil de ta porte
Les ronces l'avaient envahie tout autour
J'ai vu des signes bizarres sur l'autel sacré
Vestiges de je ne sais quel âge d'or

Des maints crépuscules l'adieu languissant
A obscurci l'autel à jamais déserté,
La sombre infortune d'un peuple innocent
A marqué de son ombre le dôme écroulé

A l'époque bienheureuse de l'Islam, jadis
Tes jets d'eau laissaient sourdre la source de la vie
Maintenant dans le frêle ombrage de tes branches
Les oiseaux enivrés sont plus près de la mort

Tes préceptes, source de la sagesse même
Seront toujours pour nous le guide le plus sûr
Même si dans tes ruines, reflets du paradis
Nul accent de ferveur ne montait plus jamais

Poète, courbe le front, et qu'à tes accents
Les impassibles rocs s'attendrissent et répondent
A mon récit, ami, laisse couler tes pleurs,
ce glorieux autrefois n'est-il plus que légende...

Riza Tevfik (Recueil "Anthologie de la poésie turque").

Lorsque je lis ce poème je pense au "peintre des ruines", Hubert Robert.
Quant au quantique de la Trinité anonyme écris plus haut, je pense aux peintures de Nicolas Roerich..
Et vous, à quelle œuvre ou quel autre source d'Art pensez-vous selon les poèmes que vous aimez, ou que vous composez (s'il y a lieu) ?
(Je suis curieuse de lire dans vos cœurs ... )

À Jehan de la Fontaine (l'alchimiste)

Merci Pantout, je me pencherai un peu plus sur ce grand poème lorsque je maîtriserai un peu le langage Alchimique ..Vaste programme semble-t-il, mais qui m'attire énormément, puisque l'Alchimie intérieure est la Quête inconditionnelle afin de mieux apprendre - et entendre - l'Amour Absolu...

Chère Janna,
Intérieure d'abord, extérieure ensuite, ne l'oublions jamais !

Merci Pantout, à vrai dire je n'ai jamais envisagé l'alchimie opérative, car je n'y vois qu'un "dictionnaire" analogique afin de mieux comprendre et assimiler le processus de nos transmutations, qui ne sont évidemment qu'intérieures...Me semble-t-il! ..Peut-être fais-je erreur?
Il est vrai que nous sommes les chefs d'orchestre de nos réalités, et si nous devenons oiseaux en notre esprit, nous volerons en ce bas-monde. Bref je n'en sais rien, toujours est-il que toutes les clés d'apprentissage (les vraies) mènent à notre Dieu intérieur...
Mais dites-moi si je mélange tout !

Non, chère Janna, vous ne mélangez pas tout, et il y a bien toute une vie intérieure nécessaire à la compréhension des textes alchymiques. Mais il y a aussi la stupéfiante découverte du corps de Dieu, touchable par nos sens, dès ici-bas. L'un n'empêche pas l'autre, bien au contraire. Mais de toute façon, avec l'auteur du Message Retrouvé comme guide, vous êtes assurée de n'être jamais abandonnée, et je serais bien prétentieux d'y ajouter quelque chose.
Interrogez-le donc, et il vous répondra tellement mieux que moi, qui comme vous, ne suis qu'un simple croyant.